Page Précédente

Le président du tribunal jugeant Saddam Hussein a présenté sa démission


Dimanche 15 janvier 2006 à 09h02

BAGDAD, 15 jan 2006 (AFP) — Le président du tribunal irakien, jugeant le président déchu Saddam Hussein, le Kurde Rizkar Amine, a présenté sa démission, apprend-on dimanche de source proche de cette juridiction.

"Le juge Rizkar Amine a soumis sa démission peu avant les fêtes de l'Aïd al-Adha (célébrées le 10 janvier) et des efforts sont en cours pour tenter de le convaincre de rester", a déclaré cette source sous le couvert de l'anonymat.

Selon cette source, le juge entend protester ainsi contre les critiques dont il estime être l'objet de la part d'hommes politiques sur sa manière jugée molle de conduire le procès de l'ancien président.

"Cette démission n'a pas encore été acceptée", a souligné cette source.

"On tente de le convaincre de revenir sur sa démission de présider la prochaine audience" du procès, prévue le 24 janvier, a déclaré cette même source.

"Du point de vue de la défense, que cette démission soit acceptée ou pas ne fait aucune différence", a commenté Khalil al-Doulaïmi, l'avocat irakien qui dirige le comité de défense de Saddam Hussein, dans un communiqué.

"En dépit du respect que nous avons pour l'éthique personnelle de M. Amine, nous rappelons que le comité de défense ne reconnaît pas la légitimité de ce tribunal", a-t-il ajouté.

L'ancien président irakien et sept de ses coaccusés sont jugés pour le massacre de près de 150 villageois chiites après une attaque contre le convoi de Saddam Hussein en 1982 à Doujaïl, village situé au nord de Bagdad.

La démission doit être soumise, selon les statuts, au juge présidant les trois chambres et la cour d'appel composant le Haut tribunal pénal. Ce juge doit la notifier ensuite au gouvernement. Elle devient "effective dans un délai d'un mois à partir de sa présentation" même si elle n'est pas approuvée par ces deux instances.

Selon la source proche du tribunal, le juge Rizkar Amine se plaint des critiques portées sur sa manière de conduire le procès, en particulier lors des dernières audiences, les sixième et septième, les 21 et 22 décembre.

Ces séances avaient été marquées par de nombreux incidents et interruptions. Saddam Hussein a ainsi insulté les présidents américains Bush père et fils et s'est livré à un discours enflammé, émaillé d'appels à la fierté nationale, condamnant l'occupation américaine et rappelant les réalisations du parti Baas, au pouvoir pendant plus de 35 ans.

Son demi-frère, Barzan al-Tikriti avait, lui, multiplié les invectives à l'égard des témoins et du parquet.

"Le juge Rizkar estime notamment avoir fait l'objet de dures critiques dans les médias, notamment à la télévision de la part d'hommes politiques", a indiqué la source proche du Tribunal pénal.

Le 22 décembre, le quotidien irakien indépendant Al-Sabah Al-Jadid avait demandé davantage de fermeté de la part des juges du Haut tribunal pénal.

"Au nom de Dieu, des victimes et de l'honneur de l'Irak, révisez la composition de la Cour et mettez en avant des juges qui ne soient pas seulement patients et bien élevés", avait-il écrit.

Un autre journal avait rapporté des propos peu amènes du ministre de la Justice, Abdel Hussein Chandal, envers le Haut tribunal dont il avait qualifié les juges de "peu expérimentés".

Le 28 décembre, le Haut tribunal pénal irakien avait démenti dans un communiqué des informations de presse faisant état de l'intention de M. Amine de démissionner.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.