
Dimanche 28 octobre 2007 à 16h12
ERBIL (Irak), 28 oct 2007 (AFP) — Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a invité dimanche le gouvernement turc à négocier directement avec les autorités de cette région du nord de l'Irak, pour régler le problème de la présence de rebelles opposés au pouvoir d'Ankara.
"Asseyons-nous ensemble pour résoudre la question kurde", a-t-il suggéré au cours d'un entretien avec l'AFP, à Erbil, capitale de la région autonome. "Nous devons être consultés par le gouvernement fédéral", a-t-il ajouté en référence aux autorités de Bagdad.
"Je ne suis pas un ennemi de la Turquie, mais je n'accepte pas le langage de la force", a encore déclaré M. Barzani, chef traditionnel kurde et président de la région depuis janvier 2005.
Cet appel survient alors que des négociations ont été ouvertes entre l'Irak et la Turquie pour trouver une solution au problème des bases des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans le Kurdistan irakien.
Une délégation irakienne comprenant notamment deux responsables kurdes --des représentants de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), de Jalal Talabani, et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), de M. Barzani-- s'était rendue à Ankara, à la fin de la semaine dernière.
Toutefois selon un responsable kurde d'Irak, parlant à l'AFP sous couvert de l'anonymat, ces deux responsables kurdes n'ont pas été admis dans les sessions de pourparlers incluant des militaires turcs. Ils ont par contre pu participer aux réunions où siégeaient des responsables civils turcs.
"Un des points d'achoppement des négociations a été la question des frontières. Ils ont refusé aux peshmergas de contrôler les frontières", a expliqué M. Barzani.
Les peshmergas sont les forces de sécurité qui sont directement sous l'autorité du gouvernement régional kurde et de ne dépendent pas de Bagdad, dont l'armée n'est pas déployée dans le nord du pays.
Aucun progrès n'a été annoncé après cette première rencontre mais un nouvel entretien entre les ministres turc et irakien des Affaires Etrangères est prévu en marge d'une rencontre des voisins de l'Irak les 2 et 3 novembre à Istanbul.
"Une délégation kurde devait se rendre demain en Turquie et cette visite a été annulée par la Turquie", a indiqué le président Barzani.
"Nous serons partie prenante dans la solution de ce problème, s'il y a une solution pacifique", a encore souligné le président kurde. "S'il n'y a qu'une solution militaire, nous ne serons pas partie prenante".
En l'absence de règlement négocié, la Turquie a menacé de mener des opérations militaires dans le Kurdistan irakien pour en éliminer les rebelles du PKK, au nombre de 3.000 à 4.000, qui conduisent des raids meurtriers en territoire turc.
Cette perspective inquiète Washington et Bagdad qui y voient le risque d'une déstabilisation d'une des rares régions d'Irak où règne la sécurité et une certaine prospérité.
Les Kurdes d'Irak considèrent également que l'objectif d'Ankara, au delà de l'élimination du PKK, est l'affaiblissement de l'expérience d'autonomie régionale kurde en Irak, qui sert d'exemple pour les Kurdes de Turquie.
"Nous n'acceptons pas la concentration de troupes turques à nos frontières", a encore affirmé M. Barzani. "S'ils attaquent notre peuple, notre territoire, nous nous défendrons".
Par contre, a-t-il répété, "nous demandons au PKK de poursuivre dans la voie du cessez-le-feu, de relâcher les prisonniers, de ne pas mener d'actions militaires et de trouver une solution pacifique".
Pour lui, "sans solution du problème kurde, il n'y aura pas de stabilité dans la région". "Nous existons, nous avons le droit de vivre", a-t-il ajouté.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.