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Le premier procès de Saddam avance, d'autres se profilent


Mardi 20 juin 2006 à 14h13

BAGDAD, 20 juin 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein pour le massacre d'habitants de Doujaïl a franchi une étape avec le réquisitoire du procureur général demandant la peine de mort pour le président déchu qui attend d'être jugé encore pour "génocide" de Kurdes et la répression des chiites en 1991.

C'est lundi lors de la 35ème audience du procès, ouvert le 19 octobre 2005, que le procureur général, Jaafar al-Moussaoui, après avoir longuement évoqué la répression à Doujaïl, village chiite au nord de Bagdad, a requis les "peines maximales", autrement dit la peine capitale, contre l'ancien président, son demi-frère Barzan al-Tikriti et l'ancien vice-président Taha Yassine Ramadan.

Pour lui, les habitants de cette localité qui a connu en 1982 une attaque contre le convoi de Saddam Hussein, alors président de l'Irak, ont subi ensuite une "campagne de répression systématique" qui a coûté la vie à 148 d'entre eux.

M. Moussaoui a affirmé que la peine de mort se justifiait pour les trois prévenus responsables, selon lui, notamment de meurtres prémédités, de tortures, d'emprisonnements et de graves privations.

Pour arriver au réquisitoire, le juge qui préside aux débats a fait montre de fermeté pour éviter que le procès ne s'éternise en exigeant de limiter le nombre de témoins et en multipliant les expulsions de Barzan al-Tikriti, pour l'empêcher de se lancer dans de longs discours, souvent à caractère politique.

La prochaine audience, consacrée aux plaidoiries de la défense a été fixée au 10 juillet, après quoi le tribunal, ajournera ses travaux pendant 60 jours, selon un responsable américain, proche du dossier.

"Le verdict est attendu à la mi-septembre", a-t-il déclaré, précisant que "ceux qui seront condamnés à la peine capitale et à la prison à vie auront automatiquement droit à faire appel et la cour peut prendre le temps qu'elle estimera nécessaire pour statuer sur les appels".

"Pour être approuvées les deux peines doivent être votées par une majorité des cinq juges composant la cour", a indiqué le même responsable, sans préciser dans combien de temps les sentences doivent être exécutées.

Il semble improbable que le président déchu, une fois condamné à mort, sera exécuté, d'autant plus que le Haut tribunal pénal prépare activement d'autres procès de Saddam Hussein, autrement plus significatifs pour les communautés kurde et chiite, qui ont le plus souffert sous sa présidence.

Le dossier de l'opération Anfal, menée à la fin des années 1980, a été bouclé et l'ancien président et six de ses lieutenants ont été formellement accusés le 4 avril de "génocide" de Kurdes.

"Nous annonçons à notre peuple et aux victimes de l'ancien régime que l'instruction a été bouclée dans l'affaire Anfal et que les sept personnes, accusées de génocide et de crimes contre l'humanité, ont été déférées au tribunal", avait déclaré le chef des juges d'instruction, Raed al-Jouhi.

Selon diverses estimations, plus de 100.000 personnes ont été tuées et plus de 3.000 villages détruits pendant cette campagne qui a provoqué également un déplacement massif de la population kurde.

Entre 1987 et 1989, de nombreux assauts sont lancés contre les Kurdes dans le nord du pays, avec notamment le gazage de la population de Halabja en 1988 qui fait 5.000 morts. Cependant, le cas de Halabja n'est pas inclus dans l'accusation.

Les chiites, majoritaires dans le pays, ne semblent pas se contenter du seul procès de Doujaïl pour Saddam Hussein, eux dont le soulèvement dans le sud du pays après la déroute de l'armée irakienne lors de la guerre du Golfe, a été écrasé dans le sang.

Des spécialistes américains continuent de retourner les nombreux charniers du sud de l'Irak à la recherche de preuves contre les dirigeants de l'ancien régime qui vont servir à bâtir les dossiers d'accusation contre eux.

Mais jusqu'ici, aucune date n'a été avancée pour ces procès.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.