
Mercredi 1 juin 2011 à 18h09
DIYARBAKIR (Turquie), 1 juin 2011 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a promis mercredi d'avantage d'investissements pour les régions à population kurde du sud-est de la Turquie mais ne s'est pas engagé en faveur de réformes politiques réclamées par les militants de la cause kurde.
A Diyarbakir, la principale ville du Sud-Est, où il participait à un grand meeting électoral à l'approche de législatives le 12 juin, M. Erdogan a plaidé pour une résolution du conflit kurde, qui a mis a mal la région depuis 27 ans.
"Les politiques de rejet et d'assimilation sont terminées (...) Nous avons préparé le terrain à un processus de résolution", a-t-il affirmé devant la foule lors d'un meeting placé sous la protection de 5.000 policiers.
M. Erdogan a promis le lancement de grands travaux d'infrastructures pour sortir la région de son arriération économique, citant la rénovation du centre historique de Diyarbakir, la construction d'un nouvel aéroport, d'un barrage, d'un stade, d'hôpitaux et d'autoroutes ainsi que d'équipements de loisirs sur les berges du Tigre, dans la périphérie de la ville.
Le Premier ministre, dont le Parti de la justice et du développement (AKP) est issu de la mouvance islamiste, a ponctué son discours de références aux valeurs islamiques communes aux Turcs et aux Kurdes, avant d'attaquer son principal concurrent dans la région, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde).
"A quoi ça sert de voter pour eux? A rien (...) Prenant sa force du PKK, le BDP veut nous diviser (...) Ce sont des bandits et des terroristes", a-t-il déclaré, faisant référence aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le gouvernement accuse le BDP de collaborer avec le PKK, qu'Ankara répertorie comme un groupe terroriste, et d'orchestrer des manifestations violentes au cours desquelles la jeunesse kurde bombarde régulièrement la police avec des cocktails Molotov et vandalise les biens publics.
Les tensions dans la région ont augmenté à l'approche des élections avec un regain des opérations militaires contre le PKK et d'attaques meurtrières des rebelles contre la police.
En marge du meeting mercredi, une petite bombe artisanale a explosé, sans faire de blessé, près de l'esplanade où devait s'exprimer M. Erdogan, a rapporté l'agence de presse Anatolie.
Des petites groupes de jeunes ont jeté des cocktails Molotov et des pétards dans des quartiers éloignés du lieu du meeting, mais ont rapidement été dispersés par la police, a constaté un correspondant de l'AFP.
S'appuyant sur une amélioration des services et un sentiment de fraternité islamique, l'AKP jouit d'une popularité solide dans le Sud-Est et compte plus de 60 députés kurdes dans le Parlement sortant.
Une série de réformes inspirées par l'Union européenne ont largement élargi les libertés culturelles des Kurdes de Turquie ces dernières années : ils peuvent aujourd'hui émettre en kurde, enseigner leur langue dans des cours privés et l'employer dans la vie politique.
Le gouvernement n'a toutefois pas répondu aux demandes kurdes en faveur d'une autonomie régionale et d'une éducation publique en kurde.
Le chef emprisonné du PKK Abdullah Ocalan, qui conserve son influence même s'il est derrière les barreaux depuis 1999, a averti que "ça va barder", à moins que les contacts sporadiques que des fonctionnaires ont eu avec lui en prison deviennent des négociations à part entière pour résoudre le conflit kurde.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.