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Le Premier ministre turc ignore l'appel à la trêve du PKK


Vendredi 29 septembre 2006 à 10h26

ANKARA, 29 sept 2006 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a balayé d'un revers de main un appel à un cessez-le-feu lancé par le chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Öcalan, exhortant ses hommes qui ont accru la lutte armée à déposer les armes.

"Un cessez-le-feu se fait entre des Etats. C'est quelque chose d'inapproprié pour une organisation terroriste", en l'occurence le parti (interdit) des Travailleurs du Kurdistan (PKK), a déclaré M. Erdogan lors d'un entretien accordé tard jeudi à la chaîne de télévision privée Samanyolu, cité par l'agence Anatolie.

Il réagissait à un appel lancé par Öcalan depuis sa cellule et communiqué quelques heures auparavant à l'AFP par ses avocats. Le chef de file de la contestation kurde purge depuis 1999 sur l'île d'Imrali (nord-ouest), dont il est le seul détenu, une peine à vie pour "trahison" et séparatisme".

Il communique avec l'extérieur par le biais de ses avocats.

"L'organisation terroriste doit déposer les armes. C'est ce que nous attendons pour l'instauration de la paix dans la zone" kurde, a-t-il souligné, ajoutant que la lutte contre le PKK allait se poursuivre.

Deux membres présumés du PKK ont été tués jeudi lors d'un accrochage avec les forces de l'ordre dans la province de Sirnak, selon les autorités.

Les propos de M. Erdogan ne constituent pas une surprise, les autorités civiles et militaires turques ayant ignoré les quatre précédentes trêves unilatérales du PKK qu'Ankara considère comme une organisation terroriste, à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Le PKK n'avait pas réagi vendredi matin à l'appel de son chef.

La plupart des éléments militaires du PKK se trouvent dans des camps retranchés du Kurdistan irakien, tandis que l'aile politique est représentée par des politiciens kurdes exilés dans des pays d'Europe de l'Ouest.

Même si Öcalan jouit toujours d'une influence notable au sein du PKK qu'il a dirigé d'une main de fer depuis 1978, d'anciens adjoints, comme son frère, Osman, l'ont abandonné après son emprisonnement.

Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts, dont 25.000 rebelles, depuis le déclenchement de l'insurrection armée du PKK en 1984 pour l'indépendance puis une autonomie du Sud-Est anatolien peuplé majoritairement de Kurdes.

Le principal parti pro-kurde légal de Turquie s'est réjoui vendredi de l'appel, exhortant Ankara à ne pas l'ignorer et à saisir cette opportunité pour l'arrêt du conflit armé.

"Nous nous félicitons de cet appel. Le pays a besoin de cette opportunité de paix", a indiqué à l'AFP Sirri Sakik, porte-parole du Parti pour une société démocratique (DTP).

"Si cette situation est bien gérée par tous, que ce soit les politiciens, l'armée ou le PKK, nous pourrons obtenir un arrêt des hostilités", a-t-il estimé.

L'appel d'Öcalan intervient après un changement cet été au sein de la hiérarchie militaire. Le nouveau chef d'état-major général, le général Yasar Büyükanit, perçu comme un faucon, s'est dit déterminé à combattre le PKK par tous les moyens.

Le gouvernement est critiqué ces derniers temps pour ne pas être assez répressif à l'égard du PKK qui a multiplié ses attaques depuis la fin, en juin 2004, d'une précédente trêve qui aura duré 5 ans.

M. Erdogan quitte vendredi soir Ankara pour se rendre à Washington, où il devrait demander lundi au président George W. Bush une action américaine contre les rebelles du PKK réfugiés dans le nord de l'Irak, sous l'oeil bienveillant, selon Ankara, de l'administration kurde alliée de Washington.

Le mont Qandil, dans le nord de l'Irak voisin, constitue depuis des années un refuge pour le PKK, mais les Etats-Unis ont fortement déconseillé à Ankara de lancer des opérations militaires dans cette zone.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.