Page Précédente

Le Premier ministre irakien, un "faible" qui "joue les durs" pour Ankara


Mercredi 2 novembre 2016 à 15h44

Istanbul, 2 nov 2016 (AFP) — Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu s'en est pris mercredi au Premier ministre irakien Haider al-Abadi, le qualifiant de "faible", après qu'il eut adressé un avertissement à la Turquie pour avoir déployé des chars à sa frontière avec l'Irak.

"Puisque tu es fort, pourquoi as-tu livré Mossoul à des terroristes ? Puisque tu es si fort, pourquoi laisses-tu (les rebelles kurdes du) PKK occuper ton territoire depuis des années ?", a lancé M. Cavusoglu, cité par l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Et d'ajouter : "Tu n'es même pas capable de lutter contre une organisation terroriste, tu es faible. Et après tu essaies de jouer les durs, tu fais des effets de manche."

Le chef du gouvernement irakien a averti mardi la Turquie qu'elle serait traitée en "ennemi" si elle provoquait un affrontement dans le nord de l'Irak, une mise en garde qui intervenait quelques heures après le déploiement de chars turcs à la frontière turco-irakienne.

Les relations entre Ankara et Bagdad se sont dégradées ces dernières semaines, la Turquie souhaitant être associée à l'offensive pour chasser le groupe Etat islamique (EI) de son fief irakien de Mossoul, ce que l'Irak refuse.

Mardi, Ankara a déployé des chars et des pièces d'artillerie à la frontière irakienne, une mesure prise pour faire face à l'"incendie qui fait rage" en Irak et "risque de s'étendre jusqu'à chez nous", a déclaré mercredi le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus.

Les dirigeants turcs ont laissé entendre qu'ils pourraient décider d'intervenir dans la région du Sinjar, dans le nord de l'Irak, pour y empêcher une éventuelle tentative d'implantation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en rébellion contre Ankara depuis 1984.

Par ailleurs, le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé que des mesures seraient prises si les milices chiites qui tentent de prendre la ville de Tal Afar, à l'ouest de Mossoul, semaient "la terreur" dans la population turkmène locale.

Les autorités turques estiment que les événements qui ont lieu dans le nord de l'Irak et de la Syrie concernent de près la sécurité de la Turquie, ce qui légitime, à leurs yeux, une intervention.

Fin août, Ankara a ainsi déclenché une offensive dans le nord de la Syrie pour chasser l'EI des positions qu'il occupait à la frontière, mais aussi empêcher la jonction de deux zones contrôlées par des milices kurdes.

"Certains nous font la morale et nous disent : +Arrêtez de vous mêler autant de (ce qui se passe sur les territoires de) la Syrie et de l'Irak. Observez (la situation) des tribunes+. Oh, c'est nous qui avons une frontière (commune) de 950 km avec la Syrie (...) et une frontière de 350 km avec l'Irak", a déclaré mercredi le président Erdogan.

"Quand des bombes sont larguées, elles tombent aussi chez nous, elles nous frappent. Comment pourrions-nous rester impassibles ?", a-t-il ajouté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.