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Le Premier ministre irakien, un "faible" qui "joue les durs" pour Ankara


Mercredi 2 novembre 2016 à 12h50

Istanbul, 2 nov 2016 (AFP) — Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a qualifié mercredi le Premier ministre irakien Haider al-Abadi de "faible" qui "joue les durs", franchissant un nouveau palier dans l'escalade verbale entre Ankara et Bagdad.

Le chef du gouvernement irakien a averti mardi la Turquie qu'elle serait traitée en "ennemi" si elle provoquait un affrontement dans le nord de l'Irak, une mise en garde qui intervenait quelques heures après le déploiement de chars à la frontière turco-irakienne par Ankara.

"Puisque tu es fort, pourquoi as-tu livré Mossoul à des terroristes ? Puisque tu es si fort, pourquoi laisses-tu (les rebelles kurdes du) PKK occuper ton territoire depuis des années ?", a lancé M. Cavusoglu, cité par l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Et d'ajouter : "Tu n'es même pas capable de lutter contre une organisation terroriste, tu es faible. Et après tu essaies de jouer les durs, tu fais des effets de manche."

Les relations entre Ankara et Bagdad se sont dégradées ces dernières semaines, la Turquie souhaitant être associée à l'offensive pour chasser le groupe Etat islamique (EI) de son fief irakien de Mossoul, ce que l'Irak rejette.

Mardi, Ankara a déployé des chars et pièces d'artillerie à la frontière irakienne, une mesure prise pour faire face à l'"incendie qui fait rage dans notre pays voisin", a déclaré mercredi le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus.

Les dirigeants turcs ont laissé entendre qu'ils pourraient intervenir dans la région du Sinjar, dans le nord de l'Irak, pour y empêcher une éventuelle tentative d'implantation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une rébellion sanglante contre Ankara depuis 1984.

Par ailleurs, le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé que des mesures seraient prises si les milices chiites qui tentent de prendre la ville de Tal Afar, à l'ouest de Mossoul, "sèment la terreur" contre la population turkmène de la zone.

Ces tensions ont été renforcées par la présence de centaines de militaires turcs sur une base à Bachiqa, dans le nord de l'Irak, officiellement envoyés pour entraîner des volontaires sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul. Les autorités irakiennes ont dénoncé une "force d'occupation".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.