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Le Premier ministre irakien affirme aux Kurdes ne pas chercher "les hostilités" avec Washington


Samedi 11 janvier 2020 à 14h58

Erbil (Irak), 11 jan 2020 (AFP) — Le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi est samedi en tournée au Kurdistan irakien pour rassurer les dirigeants locaux sur le fait qu'il ne recherche pas "les hostilités" avec Washington, dont il réclame le départ des troupes.

La première visite de M. Abdel Mahdi dans la région autonome du nord depuis sa prise de fonction il y a près de 15 mois intervient au lendemain d'un nouvel appel de sa part aux Etats-Unis à envoyer une délégation pour encadrer le retrait de leurs 5.200 soldats du pays.

Washington, dont le Parlement irakien réclame le départ des troupes après l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien à Bagdad, a aussitôt refusé.

A Erbil, M. Abdel Mahdi a assuré au président kurde Netchirvan Barzani, au Premier ministre Masrour Barzani et à Massoud Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), que Bagdad "ne veut des hostilités avec personne, les Etats-Unis inclus", selon un communiqué de son bureau.

Il s'est ensuite rendu à Souleimaniyeh pour rencontrer l'autre grand parti kurde, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du défunt président irakien Jalal Talabani, afin d'évoquer également l'escalade entre Washington et Téhéran qui a menacé de faire sombrer l'Irak de nouveau dans la violence.

Les députés kurdes du Parlement fédéral à Bagdad n'ont pas participé au vote qui réclamait au gouvernement d'expulser les troupes étrangères du pays.

M. Abdel Mahdi passe pour être le Premier ministre le plus conciliant avec Erbil, notamment sur la question des juteux revenus du pétrole kurde.

En retour, le Kurdistan a largement soutenu le gouvernement de M. Abdel Mahdi face à une révolte populaire inédite qui a éclaté le 1er octobre.

Samedi, M. Abdel Mahdi a plaidé à Erbil pour que, face "à la situation actuelle dangereuse, il faut coopérer et coordonner les efforts et combler toutes les brèches dans lesquelles les jihadistes pourraient s'engouffrer".

Ces propos interviennent alors que de nombreux Kurdes plaident pour le maintien des troupes étrangères pour affronter les cellules clandestines que conserve le groupe Etat islamique (EI) malgré sa défaite territoriale.

Le Kurdistan "soutient toute décision protégeant l'intérêt et la stabilité de l'Irak", a répondu Massoud Barzani, selon le même communiqué.

Depuis des jours, les factions pro-Iran menacent de répondre aux raids américains, les autorités fédérales s'activent à expulser les soldats américains et les diplomates multiplient les protestations contre Washington. Mais le Kurdistan irakien, lui, est resté à l'écart.

Cette région du nord de l'Irak doit son autonomie aux Etats-Unis mais partage des centaines de kilomètres de frontière avec l'Iran et les combattants kurdes ont participé à la guerre contre l'EI aux côtés de la coalition emmenée par Washington comme de ceux du général Soleimani.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.