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Le PKK pourrait éclipser les progrès en Irak lors de la réunion d'Istanbul


Mercredi 31 octobre 2007 à 10h19

BAGDAD, 31 oct 2007 (AFP) — Les menaces d'incursions turques contre la rébellion kurde en Irak pourraient éclipser les succès revendiqués par Bagdad dans la lutte contre la violence lors de la conférence internationale sur la situation irakienne, en fin de semaine à Istanbul.

Cette réunion, qui rassemblera de jeudi soir à samedi l'Irak, ses voisins, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et ceux du G8, sera la deuxième du genre, après celle organisée les 3 et 4 mai dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, dans le sud du Sinaï.

Conçue pour évaluer les progrès réalisés depuis, la conférence pourrait être dominée par les tensions croissantes entre Bagdad et Ankara au sujet de la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte contre le pouvoir central turc, dont plus de 3.000 combattants sont retranchés dans le nord de l'Irak.

Ankara, qui bombarde déjà les positions des séparatistes près de sa frontière avec l'Irak, menace de lancer des incursions dans le nord de ce pays pour en déloger les combattants kurdes.

La perspective d'une incursion turque s'est précisée quand le Parlement turc y a donné son accord de principe en octobre. Le risque en a grandi avec l'attaque dans laquelle le PKK a tué douze soldats turcs le 21 octobre. Huit soldats turcs sont toujours prisonniers.

Le PKK mène depuis 1984 une guérilla pour l'indépendance des régions kurdes du sud-est de la Turquie, qui a fait plus de 37.000 morts.

Une délégation irakienne n'est pas parvenue le 19 octobre, au cours d'une visite spéciale à Ankara, à satisfaire aux exigences turques.

Ankara réclame aux Américains des mesures "urgentes et concrètes contre les foyers terroristes", reprochant à Washington son inaction, à un moment où les relations bilatérales traversent une zone de turbulences, avec notamment un projet de résolution au Congrès américain qui reconnaîtrait comme génocide les massacres d'Arméniens sous l'Empire ottoman.

Pour leur part, les Etats-Unis redoutent qu'une intervention turque dans le nord de l'Irak ne déséquilibre une des rares régions du pays relativement stable.

Le président George W. Bush rencontrera lundi à Washington le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan tandis que sa secrétaire d'Etat Condoleezza Rice s'entretiendra avec les dirigeants turcs à Ankara et participera à la conférence d'Istanbul.

Dans ce contexte, Bagdad craint que l'ordre du jour de la conférence ne soit dilué.

"La conférence d'Istanbul doit se concentrer sur la sécurité et la stabilité en Irak et ne pas se laisser distraire par la tension à la frontière entre l'Irak et la Turquie, et par les opérations terroristes du PKK", a martelé mercredi le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari.

Car du point de vue de la lutte contre les violences confessionnelles, les dirigeants irakiens sont convaincus de leurs succès.

"Les Irakiens sont cette fois déterminés car ils ont des arguments à présenter, sur la situation générale de la sécurité, qui est la raison même de cet événement", estime le député kurde Mahmoud Othman.

Américains et Irakiens ont évoqué un recul de la violence ces derniers mois en Irak. Le mois d'octobre pourrait être un des moins meurtriers depuis le début de la vague de violences confessionnelles déclenchée par l'attentat de février 2006 contre un mausolée chiite à Samarra (nord).

Le général Ray Odierno, commandant en second des forces américaines en Irak, a affirmé récemment que les statistiques montraient que toutes les formes d'attaques étaient en recul depuis le déploiement, en juin, de renforts américains.

Les participants de la réunion de Charm el-Cheikh avaient affirmé leur volonté de combattre les violences, et promis d'annuler 30 milliards de dollars de dette irakienne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.