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Le PKK annonce la suspension de ses "opérations" en Turquie après le séisme


Vendredi 10 février 2023 à 18h20

Ankara, 10 fév 2023 (AFP) — Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a décidé vendredi la suspension de ses "opérations" en Turquie après le séisme, a annoncé un responsable militaire du groupe.

"Arrêtez les opérations dans les villes en Turquie. Nous avons décidé de ne conduire aucune opération tant que l'Etat turc ne nous attaque pas", a déclaré Cemil Bayik, un haut responsable du mouvement, cité par l'agence Firat, proche du PKK, considéré comme organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

"Le séisme a provoqué une grande catastrophe. (...) Des milliers de nôtres sont encore sous les décombres. (...) Tout le monde se doit de mobiliser tous ses moyens", a affirmé ce responsable de haut rang.

Le PKK, qui mène depuis 1984 une lutte armée contre l'armée turque, est classé comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'armée turque conduit régulièrement des opérations contre le PKK en Turquie, mais aussi contre ses bases en Irak et cible les Unités de protection du peuple (YPG) en Syrie, alliées des Etats-Unis dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique mais accusées par la Turquie d'être affiliées au PKK.

"Notre décision est valable jusqu'au soulagement de la peine de notre peuple et à la guérison de ses blessures. Bien sûr, l'attitude de l'Etat turc sera décisive", a ajouté M. Bayik.

Les autorités turques n'ont pas immédiatement réagi aux déclarations du PKK.

"On ne sait pas encore si Ankara va profiter de cette annonce pour faire pression en faveur d'une désescalade", a déclaré Berkay Mandiraci, analyste principal du centre de recherche Crisis Group pour la Turquie.

Mais "une moindre escalade dans le conflit avec le PKK pourrait donner un souci de moins aux autorités qui luttent pour répondre à cette crise sans précédent", a-t-il poursuivi, interrogé par l'AFP.

Ankara a attribué au PKK et aux YPG l'attentat qui a frappé le 13 novembre le coeur d'Istanbul, faisant six morts et plus de 80 blessés.

Les deux mouvements ont aussitôt démenti toute implication.

La Turquie bloque aussi depuis mai l'entrée de la Suède -ainsi que de la Finlande- dans l'Otan, l'accusant d'héberger sur son territoire des membres du PKK.

Un procès pour l'interdiction du parti pro-kurde HDP est actuellement en cours à la Cour constitutionnelle turque.

Le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être lié au PKK. Le HDP réfute cette affirmation.

Bête noire du président turc depuis qu'il a contribué à le priver de sa majorité parlementaire en 2015, le HDP a fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son chef de file Selahattin Demirtas a été arrêté et emprisonné.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.