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Le PKK, 32 années de lutte sanglante: Cinq événements-clés depuis 1984


Mercredi 20 juillet 2016 à 10h12

Ankara, 20 juil 2016 (AFP) — Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) mène une lutte armée depuis trois décennies dans le sud-est de la Turquie, un conflit qui a coûté plus de 40.000 vies et a repris il y a exactement un an après une trêve.

Répartis sur la Turquie, l'Iran, la Syrie et l'Irak, les Kurdes sont souvent considérés comme la plus importante communauté sans Etat du monde, et sont la plus grande minorité de Turquie.

Le PKK -considéré comme un groupe terroriste par l'Union européenne, les Etats-Unis et la Turquie- a d'abord lutté pour leur indépendance dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie. Les demandes des Kurdes se concentrent maintenant sur la reconnaissance de leurs droits et une plus grande autonomie.

Depuis la fin du cessez-le-feu, il y a un an, les pires combats de ces dernières années se sont produits entre les rebelles et les forces turques.

Voici cinq dates clés de l'insurrection du PKK:

- 15 août 1984 -

Le PKK a été créé à partir d'un premier mouvement formé en 1978 par un jeune radical de gauche nommé Abdullah Öcalan, avec d'autres étudiants inspirés par la pensée marxiste-léniniste. Il a gagné un nouvel élan à la suite du coup d'Etat militaire de 1980 en Turquie.

La campagne meurtrière et de violence du PKK contre les autorités turques est généralement considérée comme commençant par des attaques dans les villes d'Eruh (province de Siirt) et de Semdinli (province de Hakkari) le 15 août 1984, menées par des combattants formés dans les camps de la plaine de la Bekaa au Liban.

Les premières attaques ont été planifiées par Mahsum Korkmaz, considéré comme un héros par beaucoup de Kurdes depuis qu'il a été abattu en 1986.

- 19 juillet 1987 -

Le PKK a intensifié ses attaques d'année en année en ciblant les membres des forces de sécurité, des sites touristiques et en particulier les "gardiens de village", la milice kurde pro-Ankara.

Le 19 juillet 1987, Ankara décrète l'état d'urgence dans les provinces kurdes, accordant des pouvoirs étendus aux forces de sécurité. Les combats ont néanmoins continué.

L'état d'urgence a finalement été entièrement levé en novembre 2002.

- 15 février 1999 -

Après avoir été forcé de quitter la Syrie en 1998, Öcalan s'est réfugié en Grèce puis en Italie. Echappant à une extradition, il s'est ensuite rendu au Kenya où il a été protégé par l'ambassade de Grèce, avant d'être capturé par les services secrets turcs, aidés par la CIA, puis rapatrié en Turquie pour y être jugé.

Son procès sur l'île d'Imrali (nord-ouest) a commencé le 31 mai 1999 et il a été condamné à mort le 29 juin. Mais sa peine a été commuée à la prison à vie en 2002, lorsque la Turquie a aboli la peine de mort dans le cadre de sa demande d'adhésion à l'Union européenne.

- 21 mars 2013 -

Pour marquer le Newroz, le nouvel an kurde, Öcalan a adressé de sa cellule un message à ses partisans, déclarant un cessez-le feu unilatéral et ordonnant le retrait des combattants du PKK de Turquie.

"Nous sommes à un stade où les armes doivent être réduites au silence", a-t-il dit.

Cette déclaration intervient après la révélation de pourparlers entre lui et les services secrets turcs. Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, finit par admettre l'existence de discussions.

La trêve a généralement été respectée pendant deux ans et demi. Un autre message d'Öcalan a été lu en février 2015 en présence d'un important ministre turc à Istanbul, exhortant le PKK à déposer les armes.

Mais Erdogan, sentant qu'il est mis à l'écart dans le processus, est furieux.

- 20/22 juillet 2015 -

Deux policiers turcs sont tués dans la ville de Ceylanpinar, à la frontière syrienne, dans un assassinat revendiqué par le PKK, deux jours après qu'une trentaine d'activistes pro-kurdes ont été tués dans un attentat-suicide dans une ville voisine, attribué au groupe de l'Etat islamique (EI).

Ces morts ont déclenché une spirale de violence et le mouvement kurde a repris ses attaques contre les forces de sécurité turques qui ont riposté avec des opérations massives.

Selon les chiffres officiels, 7.078 combattants du PKK et 483 membres des forces de sécurité ont été tués.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.