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Le patron de l'ONU appelle au rappatriement des familles retenues au camp d'Al-Hol


Jeudi 2 mars 2023 à 15h11

Bagdad, 2 mars 2023 (AFP) — En visite dans le nord de l'Irak, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé jeudi le rapatriement des familles retenues dans le camp d'Al-Hol en Syrie voisine, "pire camp au monde" abritant des milliers de ressortissants étrangers dont des proches de jihadistes.

Plus de 50.000 personnes vivent dans le camp délabré et surpeuplé d'Al-Hol dans le nord-est de la Syrie, sous administration kurde. Il s'agit de déplacés syriens, de réfugiés irakiens et de plus de 10.000 étrangers originaires d'une soixantaine de pays, des familles de jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

"Sans l'ombre d'un doute, je peux dire qu'Al-Hol est le pire camp qui existe au monde aujourd'hui, avec les pires conditions (de vie) et d'énormes souffrances pour ceux qui y sont bloqués depuis des années," a déploré M. Guterres, selon un communiqué de ses services.

"Tous les Etats membres doivent redoubler d'efforts pour faciliter le rapatriement sûr et digne de leurs ressortissants" a-t-il martelé.

M. Guterres s'exprimait en Irak lors d'une visite du camp d'Al-Jadaa, qui accueille les familles irakiennes régulièrement rapatriées par centaines d'Al-Hol. Avant d'être autorisées à rentrer chez elles, ces familles passent plusieurs mois dans ce camp de Jadaa, présenté par les autorités comme un "centre de réhabilitation sociale".

Exprimant son soutien aux "efforts exemplaires de l'Irak", M. Guterres a réclamé un engagement similaire de la part des autres pays, les ONG ayant à maintes reprises tirées la sonnette d'alarme sur une dégradation des conditions sécuritaires à Al-Hol.

"Près de la moitié de la population d'Al-Hol a moins de 12 ans", a-t-il rappelé. "Nous devons empêcher que l'héritage des batailles passées n'alimente les conflits du lendemain", a-t-il plaidé.

"Plus nous laisserons cette situation intenable s'envenimer, plus va grandir le ressentiment et le désespoir, et plus grands seront les risques pour la sécurité et la stabilité", a averti le chef de l'ONU.

Malgré les exhortations répétées des Kurdes de Syrie, nombre de pays occidentaux ont longtemps refusé de rapatrier leurs citoyens des camps du nord-est syrien, se contentant de retours au compte-goutte par crainte d'éventuels actes terroristes sur leur sol.

La France, sous pression d'organisations internationales et des familles, a procédé fin janvier au rapatriement de 15 femmes et 32 enfants retenus dans le nord-est de la Syrie, dans le camp de Roj, également sous administration kurde.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.