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Le Parquet danois demande l'interdiction de la télévision kurde Roj TV


Jeudi 7 octobre 2010 à 19h24

COPENHAGUE, 7 oct 2010 (AFP) — Le Parquet danois a demandé jeudi l'interdiction de la télévision kurde controversée Roj TV, basée à Copenhague, estimant qu'elle soutenait le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui figure sur la liste des organisations terroristes de l'UE.

"Nous avons envoyé l'acte d'accusation au tribunal de première instance de Copenhague, dans lequel nous demandons le retrait de la licence de diffusion de Roj TV pour avoir violé l'article 144 E sur le soutien à des organisations terroristes", a déclaré à l'AFP le procureur du Royaume Lise-Lotte Nilas, chargée de ce dossier.

Mme Nilas avait inculpé en août Roj TV à la suite d'une longue enquête entamée en 2005 sur les activités de cette télévision, en estimant qu'elle enfreignait, dans certaines de ses émissions, la législation antiterroriste.

"Nous avons examiné de très près une série d'émissions de Roj TV et nous avons conclu qu'elles avaient un caractère de propagande pour le PKK qui est une organisation terroriste", selon Mme Nilas.

La date du procès de Roj TV n'a pas encore été fixée, a précisé le procureur. La police danoise a par ailleurs "confisqué" les fonds bancaires de Roj TV en attendant le procès, a-t-elle souligné.

L'avocat de Roj TV, Bjoern Elmquist, a déclaré à l'AFP qu'il avait fait appel de cette saisie et que le tribunal de Copenhague allait se prononcer sur cet appel le 19 octobre.

Le directeur de Roj TV, Imdat Yilmaz, s'est déclaré "surpris", affirmant à l'AFP que sa chaîne "n'a rien commis d'illégal et ne soutient pas le terrorisme".

La commission danoise de surveillance de radio-télévision a conclu que "nos émissions respectent le cadre de la loi", a-t-il rappelé.

Roj TV, qui a commencé à diffuser en 2004 depuis la Belgique vers 68 pays en Europe, au Proche et Moyen-Orient, est accusée de donner des temps d'antenne à des sympathisants du PKK.

"Nous donnons la parole aussi à ceux dans la rue qui expriment leur sympathie pour le PKK et ne pouvons bâillonner leur liberté de parole dont le Danemark est un ardent défenseur", selon M. Yilmaz.

Le directeur de l'antenne s'est dit "très préoccupé" par le gel des fonds par la police avant même la décision judiciaire.

"C'est comme si on nous condamnait d'avance, et cette manière de procéder nous met dos au mur", dit-il, car "la situation financière est critique, et si cela continue nous ne pourrons pas payer le loyer et la centaine de nos employés".

M. Yilmaz espère que la Cour le 19 octobre "tranchera en notre faveur sinon il faudrait envisager d'autres solutions afin d'éviter la fermeture" de Roj TV.

La Turquie exhorte depuis des années le gouvernement danois de fermer cette télévision considérée comme un porte-parole du PKK et les Etats-Unis se sont joints plusieurs fois à cet appel, dernièrement en 2009.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.