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Le Parlement turc va débattre en priorité d'une nouvelle Constitution


Samedi 1 octobre 2011 à 15h52

ANKARA, 1 oct 2011 (AFP) — Le Parlement turc a repris ses travaux samedi après une interruption estivale avec pour objectif principal la rédaction d'une nouvelle Constitution, un objectif de taille dans un climat politique tendu par la recrudescence des attaques des séparatistes kurdes.

"Sans aucun doute l'une des principales tâches de ce parlement sera de préparer une nouvelle constitution", a indiqué le chef de l'Etat Abdullah Gül lors de son traditionnel discours d'inauguration de la nouvelle législature.

M. Gül a souligné que malgré plusieurs amendements, la constitution actuelle "ne répond plus aux aspirations du peuple turc", mettant l'accent sur la nécessité d'un texte plus libéral et reposant sur les normes occidentales de démocratie, sans pour autant renoncer aux principes républicains, notamment la laïcité.

Le gouvernement islamo-conservateur turc s'est fixé pour objectif de rédiger une nouvelle Constitution d'ici la mi-2012 et d'y parvenir par le biais d'un consensus politique avec l'opposition.

Le Parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a été reconduit à la tête du pays à l'issue des élections législatives de juin, sans pour autant obtenir la majorité qualifiée nécessaire pour une réforme constitutionnelle. L'AKP s'est donc engagé à rechercher un soutien de l'opposition.

Une commission parlementaire doit débattre pendant plusieurs mois d'un projet de texte qui sera ensuite présenté et voté en séance plénière.

La réforme devra être approuvée par référendum.

Les observateurs prêtent à M. Erdogan, accusé par l'opposition d'autoritarisme, l'intention de transformer le système parlementaire en vigueur en régime présidentiel, ce que refuse l'opposition. Un consensus existe cependant sur la nécessité de modifier une Constitution héritée d'un coup d'Etat militaire en 1980.

La question des droits de la minorité kurde doit figurer en bonne place de l'agenda politique dans les débats sur la future Constitution.

Le conflit kurde connaît un regain de violence, alimenté par une reprise des attaques armées du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) et une répression du mouvement politique kurde par les autorités turques.

Petit espoir d'apaisement: Les députés kurdes du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), principale formation pro-kurde de Turquie, qui boycottaient les sessions parlementaires depuis les élections en raison de l'emprisonnement de certains de de leurs camarades élus, sont revenus à l'Assemblée où ils ont prêté serment.

Depuis la mi-juin, plus de 120 personnes ont été tuées lors d'affrontements et d'attaques conduits par le PKK; une mouvement classé terroriste par bon nombre de pays. Dans le sud-est du pays, à majorité kurde, les rebelles ont multiplié les attaques et de plus en plus de civils font partie des victimes alors qu'une douzaine d'enseignants ont été enlevés par des combattants.

Pour répondre à ces attaques et visiblement calmer une partie de l'opinion publique turque excédée par les attaques du PKK, le gouvernement de M. Erdogan s'apprête à lancer une opération terrestre dans le nord de l'Irak où sont retranchés quelque 2.000 rebelles, selon Ankara.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.