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Le Parlement turc renouvelle le mandat permettant l'envoi de troupes en Irak et Syrie


Samedi 23 septembre 2017 à 19h19

Ankara, 23 sept 2017 (AFP) — Le Parlement turc a prolongé samedi le mandat qui permet à l'armée d'intervenir en Irak et en Syrie, à deux jours d'un référendum d'indépendance au Kurdistan irakien auquel Ankara s'oppose fermement.

Lors d'une session parlementaire extraordinaire retransmise à la télévision, les députés turcs ont adopté la résolution déposée par le gouvernement qui demandait une extension d'un an du mandat autorisant l'armée à intervenir en Irak et en Syrie qui expirait le 30 octobre.

Le texte approuvé par le Parlement liste une série de développements régionaux considérés par Ankara comme une menace pour sa sécurité nationale, parmi lesquels des "projets séparatistes illégitimes" en Irak, une référence au référendum des Kurdes d'Irak.

Parmi les autres éléments cités, figurent également les activités des milices kurdes YPG dans le nord de la Syrie, soutenues par Washington pour combattre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), mais qu'Ankara considère comme "terroristes".

Avant le vote parlementaire sur la résolution, le ministre de la Défense Nurettin Canikli a prévenu que le référendum kurde d'Irak serait "nul et non avenu" pour Ankara, ajoutant que le scrutin représentait une "menace sérieuse pour notre sécurité nationale".

Pour y faire face, "tous les instruments et toutes les mesures sont sur la table (...) Nous prenons déjà toutes les mesures nécessaires et nous continuerons de le faire", a-t-il ajouté.

En vertu du mandat renouvelé samedi, lequel avait été voté une première fois en 2014 et prolongé chaque année depuis, l'armée turque a notamment lancé en août 2016 une offensive terrestre dans le nord de la Syrie, visant à la fois l'EI et les milices kurdes YPG.

Confrontée à une sanglante rébellion séparatiste kurde sur son territoire, la Turquie, où vivent environ 15 millions de Kurdes, s'oppose fermement au référendum d'indépendance que le gouvernement régional du Kurdistan irakien a prévu de tenir lundi.

Ankara a multiplié les avertissements ces derniers jours, et l'armée turque, qui mène jusqu'à mardi des manoeuvres à la frontière avec l'Irak, a annoncé samedi dans un communiqué que cet exercice se poursuivait "avec des troupes supplémentaires".

Les mesures que prendra la Turquie si le référendum est tenu "auront des dimensions diplomatique, politique, économique et sécuritaire", a mis en garde le Premier ministre turc Binali Yildirim samedi.

Ankara a développé ces dernières années les relations économiques avec la région kurde du nord de l'Irak et est aujourd'hui la seule porte permettant à Erbil d'exporter son pétrole via un oléoduc débouchant dans le port turc de Ceyhan.

Face à la perspective d'un Etat kurde, Ankara multiplie par ailleurs les contacts avec Bagdad et Téhéran, avec qui les relations sont délicates, mais qui s'opposent également au référendum kurde.

Le chef d'état-major irakien a ainsi été reçu samedi par son homologue turc à Ankara, a indiqué l'armée turque dans un communiqué.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.