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Le nouveau juge de Saddam, un défenseur des droits de l'Homme


Samedi 28 janvier 2006 à 08h41

BAGDAD, 28 jan 2006 (AFP) — Raouf Rachid Abdel Rahmane, le nouveau juge de 65 ans qui doit présider le procès de Saddam Hussein, est né dans le village kurde martyr de Halabja bombardé aux armes chimiques par le président déchu en 1988, et a été actif dans la politique et la défense des droits de l'Homme.

C'est dans la localité de Halabja, où 5.000 personnes sont mortes en mars 1988, après une attaque aux armes chimiques menée par les forces de l'ancien régime, que M. Abdel Rahmane a vu le jour en 1941.

Il y fréquentera l'école primaire avant de poursuivre ses études secondaires dans la ville de Souleimaniyah, capitale de la province kurde du même nom située dans le nord-est de l'Irak et qui est à la fois limitrophe de l'Iran et de la Turquie.

Il entre à l'école de droit de Bagdad en 1959, un an après le renversement de la monarchie, et sera arrêté en 1963 pour appartenance au Parti démocratique du Kurdistan de Mollah Moustafa Barzani, le père du nationalisme kurde.

Il passera onze mois en détention mais sera autorisé à passer l'examen alors qu'il était emprisonné. Le juge Raouf Abdel Rahmane gardera des séquelles des tortures subies à cette époque en éprouvant jusqu'à aujourd'hui des difficultés pour marcher, selon ses proches.

Condamné à perpétuité en 1965 pour rébellion, il sera gracié deux ans plus tard. Il sera à nouveau condamné pour les mêmes raisons en 1973 et gracié en 1975, année de l'accord d'Alger entre l'ancien Chah d'Iran et l'homme fort de Bagdad, Saddam Hussein, alors vice-président d'Irak.

L'accord délimite les frontières entre les deux pays notamment sur le Chatt al-Arab, confluent du Tigre et de l'Euphrate qui se jette dans le Golfe. Il a permis à Saddam Hussein de reprendre le contrôle du Kurdistan après l'arrêt du soutien iranien aux rebelles kurdes.

Après 1975, Raouf Rachid Abdel Rahmane, s'installe à Bagdad où il pratique le métier d'avocat avant de rentrer en 1983 à Souleimaniyah, où il est élu un an plus tard membre du comité dirigeant du syndicat des avocats.

En 1991, année durant laquelle le Kurdistan échappe à l'autorité du régime de Bagdad dont les troupes refluent en désordre après avoir été chassées de Koweit, il participe à la création d'une association locale des droits de l'Homme.

Il est également actif au sein de l'Association des juristes kurdes et d'une ONG qui s'occupe de la reconstruction de Halabja, ce qui ne l'empêche pas de participer aux travaux de commissions chargées par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de mettre en place un système juridique pour l'administration des deux provinces d'Erbil et de Dohouk.

Raouf Rachid Abdel Rahmane poursuit également sa carrière dans la justice de l'administration du PDK, d'abord en tant que juge du tribunal de première instance d'Erbil et ensuite en tant que président du tribunal pénal de la ville.

Avant d'être sollicité par le Haut tribunal pénal irakien, il était le vice-président du tribunal d'appel d'Erbil.

Figure de la justice kurde et irakienne, il a traduit des termes juridiques de l'arabe au kurde et a supervisé, en tant que juge, de nombreuses élections, notamment celles de syndicats étudiants dans le Kurdistan et des élections municipales tenues en 2002.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.