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Le navire d'une ONG allemande en route pour Malte, malgré l'interdiction des autorités


Dimanche 7 juillet 2019 à 13h26

La Valette, 7 juil 2019 (AFP) — Un navire humanitaire d'une ONG allemande, l'Alan Kurdi, avec 65 migrants à son bord, se dirigeait dimanche vers Malte après avoir renoncé à accoster en Italie, malgré l'interdiction d'entrée dans les eaux territoriales émise par La Valette.

Cette interdiction des autorités maltaises à l'encontre du navire de l'ONG allemande Sea-Eye a été notifiée dimanche par un porte-parole des forces armées de Malte.

"Nous ne pouvons pas attendre de nous retrouver en état d'urgence. Nous devons maintenant voir si les gouvernements européens soutiennent la position de l'Italie. Les vies humaines ne sont pas un objet de marchandages", a commenté de son côté Sea-Eye dans un tweet.

Dans le même temps, les forces armées maltaises ont annoncé avoir porté secours dimanche à un groupe de 50 migrants qui se trouvaient sur une embarcation en train de couler dans leur zone de secours en mer. Les hommes ont été recueillis par un navire de patrouille et doivent arriver à Malte dimanche soir.

A Lampedusa, d'importantes forces de police ont attendu samedi soir sur le quai l'Alex, un voilier affrété par le collectif italien de gauche et d'extrême gauche Mediterranea, qui a défié la décision du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini de fermer les ports aux navires des ONG, au risque de fortes amendes.

L'Alex, qui a accosté de force samedi, a finalement pu débarquer une quarantaine de migrants sur le quai du port au petit matin pour être conduits dans un centre d'accueil.

-Migrants débarqués à Lampedusa-

Le voilier a été provisoirement saisi et seul son capitaine, Tommaso Stella, fait l'objet d'une enquête pour soupçon d'aide à l'immigration clandestine, rapporte l'agence italienne Agi.

L'Alex avait été rejoint samedi par l'Alan Kurdi (du nom du petit Syrien retrouvé noyé en Turquie en 2015), transportant 65 migrants, qui se trouvait dans les eaux internationales au large de Lampedusa et comptait lui aussi débarquer ses occupants dans le port italien. Mais il a finalement mis le cap vers Malte.

Matteo Salvini, l'homme fort du gouvernment populiste au pouvoir en Italie depuis 13 mois, accuse les ONG d'aider les passeurs.

Pour l'Alex, il avait conclu avec Malte un accord pour faire débarquer les migrants en échange du transfert vers l'Italie d'un nombre équivalent de migrants accueillis précédemment par La Valette.

Mais Mediterranea a estimé que son voilier ne pouvait transporter jusqu'à Malte les migrants encore à bord après le débarquement vendredi à Lampedusa des plus vulnérables.

Le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer avait tweeté que l'Allemagne était prête à accueillir certains migrants "dans le cadre d'une solution européenne de solidarité", et exhorté dans un courrier M. Salvini à ouvrir les ports italiens aux deux bateaux, selon des sources proches du gouvernement.

Un décret-loi adopté en juin prévoit des amendes jusqu'à 50.000 euros contre le capitaine, le propriétaire et l'armateur d'un navire qui entrerait sans autorisation dans les eaux italiennes.

Après l'accostage de l'Alex, M. Salvini a fait savoir qu'il entendait augmenter cette amende jusqu'à 1 million d'euros.

La fermeture des ports est approuvée par 59% des Italiens, selon un sondage samedi du quotidien Corriere della Sera.

La semaine dernière, les autorités italiennes avaient saisi à Lampedusa un navire d'une ONG allemande, le Sea-Watch 3, et arrêté sa capitaine, Carola Rackete, qui avait accosté de force dans la nuit du 28 au 29 juin pour débarquer 40 migrants secourus en mer et bloqués à bord depuis plus de deux semaines.

Les migrants avaient pu débarquer le 29 juin à l'aube. Ils doivent être répartis entre plusieurs pays de l'Union européenne.

Une juge italienne a invalidé mardi l'arrestation de la capitaine allemande au motif qu'elle avait agi pour sauver des vies, mais elle est toujours visée par deux enquêtes, pour résistance à un officier et pour aide à l'immigration clandestine.

Le pape François, réagissant dimanche au récent bombardement meurtrier en Libye d'un centre de détention de migrants, a appelé à l'organisation de "corridors humanitaires" depuis la Libye pour venir en aide aux migrants "les plus nécessiteux".

"La communauté internationale ne peut tolérer des faits aussi graves", a assuré le pape après la traditionnelle prière de l'Angelus sur la place Saint-Pierre, en demandant à prier pour les victimes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.