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Le maire d'Istanbul critique la destitution de trois maires prokurdes par Ankara


Samedi 31 août 2019 à 17h45

Diyarbakir (Turquie), 31 août 2019 (AFP) — Le maire d'Istanbul s'en est pris samedi au gouvernement turc qui a démis de leurs fonctions trois maires prokurdes accusés de "terrorisme", lors d'une visite à Diyarbakir (est).

Les maires des trois villes de l'est de la Turquie, Diyarbakir, Mardin et Van, tous trois membres du parti prokurde HDP (Parti démocratique des peuples) et élus le 31 mars, ont été démis de leurs fonctions le 19 août et accusés d'entretenir des liens avec des militants kurdes.

Ekrem Imamoglu, issu du principal parti d'opposition CHP et élu à la mairie d'Istanbul en juin, a qualifié l'action d'Ankara "d'imprudence".

"Il ne peut y avoir de démocratie ni d'Etat de droit quand des responsables élus quittent leur poste sans qu'ils aient été désavoués par les urnes", a déclaré M. Imamoglu aux journalistes à Diyarbakir.

Il a rencontré le maire de Mardin Ahmet Turk, une figure importante du mouvement kurde, et Adnan Selcuk Mizrakli, qui a été remplacé à la tête de Diyarbakir par un gouverneur nommé par Ankara. M. Mizrakli a estimé que la visite du maire d'Istanbul était "une lueur d'espoir" pour les maires déchus et "leur redonnait courage".

Cette visite dans la région à majorité kurde a une signification forte pour le CHP (Parti républicain du peuple), qui n'a pas toujours eu de bons rapports avec le HDP.

Mais la victoire d'Ekrem Imamoglu, notamment rendue possible par le vote kurde car le HDP n'avait pas présenté de candidat à Istanbul, a contribué à l'amélioration des relations entre les deux partis.

M.Imamoglu a aussi rendu hommage à Tahir Elci, bâtonnier de Diyarbakir et militant kurde, en se rendant sur sa tombe. M. Elci a été tué par balle dans une altercation entre des militants kurdes et des policiers en 2015.

En mai dernier, le candidat du CHP à la présidence Muharrem Ince avait rendu visite à l'ancien chef du HDP Selahattin Demirtas en prison, avant l'élection présidentielle de juin 2018.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.