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Le Kurdistan menace de cesser ses exportations faute de paiement de Bagdad


Lundi 26 mars 2012 à 19h38

BAGDAD, 26 mars 2012 (AFP) — La région autonome du Kurdistan irakien, en conflit avec le gouvernement central sur des questions territoriales et d'exploitation pétrolière, a menacé lundi de mettre fin à ses exportations de brut si Bagdad n'honorait pas ses dettes envers elle.

Le Kurdistan a également reproché à Bagdad de vouloir conclure un accord selon lui illégal avec la major BP pour accroître la production de pétrole dans la région de Kirkouk, au coeur du conflit territorial, selon un communiqué distinct lundi soir.

"Les exportations de pétrole de la région du Kurdistan ont été réduites à 50.000 barils par jour (bj) et pourraient cesser d'ici un mois si le gouvernement fédéral à Bagdad continue de bloquer les paiements aux compagnies productrices", affirme le gouvernement régional dans un premier communiqué publié sur son site internet.

Le texte, qui cite le porte-parole du ministère kurde des Ressources naturelles, souligne que la dette cumulée du gouvernement central envers le Kurdistan s'élève à "près de 1,5 milliard de dollars". Le dernier versement remonte à mai 2011.

Le Kurdistan précise qu'il "maintient son objectif d'exportation de 175.000 bj prévu dans le budget 2012 de l'Irak et pourrait exporter beaucoup plus si le gouvernement honorait ses engagements à payer".

Le Kurdistan et Bagdad sont en conflit sur de nombreux thèmes. Ces derniers mois, le cas de la major pétrolière américaine ExxonMobil, qui souhaite s'implanter à la fois dans les deux parties du pays, ce que refuse catégoriquement le gouvernement, a suscité une vive polémique.

Erbil et Bagdad s'opposent aussi sur la souveraineté d'une bande longue de 650 km, riche en hydrocarbures, à cheval sur quatre provinces et comprenant la ville multiethnique de Kirkouk. Cet épineux dossier est considéré comme l'une des principales menaces sur la stabilité de l'Irak à terme.

Un nouveau point de litige est apparu lundi soir lorsque les autorités kurdes ont reproché au gouvernement central de vouloir conclure un accord avec BP sans les avoir consultées, ce qui est selon elles contraire à la Constitution.

Cette prise de position intervient "suite à des informations selon lesquelles la compagnie publique North Oil Company a signé ou est sur le point de signer un accord préliminaire avec BP pour accroître la production dans le gisement de Kirkouk", selon le communiqué.

Le Kurdistan "demande au ministère fédéral du Pétrole et à la North Oil Company de respecter la Constitution du pays et de s'asseoir rapidement avec toutes les parties concernées pour décider de la meilleure façon de renforcer et revitaliser les gisements actuels de Kirkouk".

"En attendant, le Kurdistan demande aux compagnies pétrolières internationales de s'abstenir de toute activité enfreignant la Constitution", selon le texte.

Le président kurde Massoud Barzani avait accusé la semaine dernière le Premier ministre Nouri al-Maliki de monopoliser le pouvoir.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.