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Le Kurdistan irakien, une région autonome depuis 1991


Mardi 19 decembre 2017 à 20h19

Souleimaniyeh (Irak), 19 déc 2017 (AFP) — Le Kurdistan irakien, région autonome depuis 1991, est frappé par une crise politique, sociale et économique, qui s'est aggravée après le récent fiasco du référendum d'indépendance.

- Marasme économique -

Située dans le nord montagneux de l'Irak, cette région compte environ cinq millions d'habitants, principalement des Kurdes, mais aussi une minorité de Turkmènes.

Majoritairement sunnite, avec pour langues officielles le kurde et l'arabe, la région regroupe trois provinces (Dohouk, Erbil et Souleimaniyeh).

La région, qui connaissait déjà une situation économique difficile, notamment en raison de la baisse des prix du pétrole, sa principale ressource, a vu ses revenus pétroliers réduits de moitié. Dans la foulée du référendum, les forces gouvernementales se sont en effet emparées de territoires que Bagdad et Erbil se disputaient, notamment la riche province pétrolière de Kirkouk.

- Campagne contre l'EI -

Les forces kurdes ont été un allié-clé de la coalition menée par les Etats-Unis avec l'aide de laquelle elles ont pu repousser les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) des zones frontalières du Kurdistan.

Les peshmergas, combattants kurdes, ont notamment pris part à la bataille dans la province de Ninive (nord), où se trouve Mossoul, reconquise en juillet 2017 par les forces irakiennes.

- Autonome depuis 1991 -

Le Kurdistan irakien, dont la capitale est Erbil, s'est constitué en région autonome aux termes de la Constitution irakienne de 2005, qui a instauré une République fédérale.

Il jouissait déjà d'une autonomie de fait depuis la guerre du Golfe de 1991. Dès 1992, les Kurdes irakiens ont élu un Parlement et constitué un gouvernement. Ces institutions ont été paralysées entre 1994 et 1998 par des violences meurtrières entre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et son rival de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

En 2003, les Kurdes se sont alliés à la coalition internationale pour renverser Saddam Hussein, et une administration unifiée a été mise en place début 2006.

Massoud Barzani, élu président du Kurdistan en 2005, a vu son mandat arriver à échéance en août 2015, mais le chef du PDK est resté au pouvoir malgré les critiques de l'opposition.

- Référendum sur l'indépendance -

Le 3 février 2016, Massoud Barzani affirme que "l'heure est venue" pour les Kurdes d'Irak de se prononcer par référendum sur la création d'un Etat.

Le 7 juin 2017, le Kurdistan annonce la tenue du référendum le 25 septembre. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi affirme qu'il comprend le désir des Kurdes mais souligne la nécessité de respecter la Constitution.

Le 12 septembre, le Parlement fédéral vote contre, et deux jours plus tard limoge le gouverneur de Kirkouk qui a décidé d'organiser le référendum dans sa région.

Le 25 septembre, le "oui" l'emporte sans surprise avec près de 93% des voix au référendum d'indépendance.

A la mi-octobre, Bagdad envoie ses troupes reprendre le contrôle de toutes les zones situées hors de la région autonome où les Kurdes avaient étendu leur emprise depuis 2003, dont la riche province de Kirkouk.

En novembre, la Cour suprême irakienne a déclaré le référendum "anticonstitutionnel".

- Barzani renonce à être président -

Le 29 octobre, Massoud Barzani annonce dans une lettre adressée au Parlement de la région autonome qu'il ne sera plus président "après le 1er novembre". Le Parlement kurde avait gelé ses prérogatives à la suite des conséquences du référendum qu'il a initié.

Depuis sa mise à l'écart, c'est son neveu, Nechervan Barzani, qui dirige la région autonome.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.