Samedi 25 juillet 2009 à 12h02
ERBIL (Irak), 25 juil 2009 (AFP) — La province autonome du Kurdistan irakien élisait samedi son président et son parlement, qui devront affronter le défi d'un conflit territorial avec Bagdad autour de cette région riche en pétrole.
Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (05H00 GMT) dans les trois provinces de la région, Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh, à l'issue d'une vibrante campagne électorale en raison de la présence de plusieurs listes concurrentes.
Devant les centres de vote, de longues queues se sont formées dès l'ouverture alors que des Peshmergas, les forces de sécurité kurdes, fouillaient les électeurs par mesure de sécurité.
Environ 2,5 millions d'électeurs doivent choisir le président du Kurdistan, élu pour la première fois au suffrage universel, et les députés de l'assemblée régionale composée de 111 sièges.
L'actuel président kurde et chef de Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, ainsi que quatre autres candidats sont en lice pour la présidentielle alors que 24 listes, dont celle commune du PDK et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), concourent pour le scrutin législatif.
"C'est la première fois de ma vie que j'ai l'impression de participer à une élection où il existe plusieurs choix et une vraie concurrence", a affirmé à l'AFP Ziz Hassan, un ingénieur de 44 ans, devant un bureau de vote à Souleimaniyeh.
"Lors des précédentes élections les deux parties ne donnaient pas le choix aux électeurs", a-t-il ajouté, en référence au PDK et à l'UPK, du président irakien Jalal Talabani.
Ces deux partis, qui règnent en maîtres sur la politique régionale depuis plusieurs décennies, devraient sans surprise sortir vainqueurs des deux suffrages mais doivent affronter des listes dissidentes résolues à mettre fin à leur hégémonie. Une situation inédite depuis le premier scrutin kurde en 1992.
"Je vais voter pour la liste Goran car le système politique au Kurdistan a besoin de changement et de renouveau et d'une opposition parlementaire réelle et forte", a assuré Ziz Hassan.
La liste "Goran" (Changement en kurde), emmenée par l'ancien numéro deux de l'UPK, Noucherwan Moustapha, fait figure de principal challenger face au PDK et l'UPK et a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille.
"J'espère que ce jour sera la début d'une compétition politique dans l'intérêt de notre peuple", a indiqué aux journalistes M. Moustapha après son vote à Souleimaniyeh.
La victoire de la liste commune "Kurdistania" de l'UPK et du PDK "est aussi claire que la lumière du soleil dans un ciel bleu azur", a en revanche lancé à une électrice enthousiaste, Chilane Othman 36 ans, dans un autre bureau de vote de Souleimaniyeh.
"Ce scrutin est une victoire pour le peuple kurde et pour le peuple irakien", a affirmé M. Barzani lors d'une conférence de presse dans la localité de Salaheddine, au nord d'Erbil. "Nous espérons que ces élections seront un premier pas dans la résolution des différends avec Bagdad", a-t-il ajouté.
Restant toutefois inflexible dans ces positions, il a ajouté en réponse à une question sur son programme en cas d'élection: "Je travaillerai pour récupérer les territoires disputés".
Bagdad et Erbil se disputent le contrôle de seize secteurs dans les provinces irakiennes limitrophes du Kurdistan, au premier rang desquels la ville de Kirkouk, dont le sous-sol regorge de pétrole et où résident une population mixte composée de Kurdes, Arabes, Turcomans et de chrétiens.
Dans ces zones, plusieurs incidents graves, qui auraient pu déboucher sur des affrontements armés, ont eu lieu au cours des derniers mois entre les peshmergas et l'armée irakienne.
Les résultats ne devraient pas être connus avant plusieurs jours. Les bulletins de toute la région seront rassemblés à Erbil puis envoyés à Bagdad pour y être comptés par la commission électorale.
strs-mel/sw
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.