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Le Kurdistan irakien élit son président et son parlement


Samedi 25 juillet 2009 à 07h34

ERBIL (Irak), 25 juil 2009 (AFP) — La province autonome du Kurdistan irakien élisait samedi son président et son parlement, qui devront affronter le défi d'un conflit territorial avec Bagdad autour de cette région riche en pétrole.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (05H00 GMT) dans les trois provinces de la région, Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh. Plusieurs bureaux ont également ouvert à Bagdad.

Devant les centres de vote à Erbil, la capitale du Kurdistan, et Souleimaniyeh, la deuxième grande ville de la province, de longues queues se sont formées alors que des Peshmergas fouillaient les électeurs par mesure de sécurité.

2,5 millions d'électeurs doivent choisir le président du Kurdistan, élu pour la première fois au suffrage universel, et les députés de l'assemblée régionale composée de 111 sièges.

Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de l'actuel président kurde Massoud Barzani et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani, qui règnent en maîtres sur la politique régionale depuis plusieurs décennies, devraient sans surprise sortir vainqueurs des deux suffrages.

M. Barzani, l'actuel président, et quatre autres candidats sont en lice pour la présidentielle alors que 24 listes, dont celle commune du PDK et de l'UPK, concourent pour le scrutin législatif.

Jeudi, plus de 100.000 membres kurdes des forces de sécurité irakiennes et de prisonniers avaient déjà commencé à voter au Kurdistan, à Bagdad et dans plusieurs autres provinces.

Les résultats ne devraient pas être connus avant plusieurs jours. Les bulletins de toute la région seront rassemblés à Erbil puis envoyés à Bagdad pour y être comptés par la commission électorale.

Si ces résultats ne devraient pas bouleverser le paysage politique, la campagne électorale, qui s'est achevée jeudi matin, a été vibrante et d'une rare intensité en raison de la présence de listes dissidentes qui souhaitent briser la domination incontestée des deux partis sur les institutions kurdes.

Ces élections seront un baromètre de popularité pour l'UPK et le PDK, des anciens ennemis se partageant le pouvoir dans la région, qui a connu depuis 2003 d'un important développement économique favorisé par une stabilité en terme de sécurité et les investissements étrangers.

La liste "Goran" (Changement en kurde), emmenée par l'ancien numéro deux de l'UPK, Noucherwan Moustapha, fait figure de principal challenger et mise sur les votes protestataires de Kurdes qui souhaitent un renouveau et des réformes.

"Nous pensons que la société kurde, après une stabilisation politique, a besoin de réformes économiques, sociales et culturelles. La direction (de l'UPK) n'a pas voulu changer et c'est pourquoi nous nous tournons aujourd'hui vers notre peuple et les urnes", a indiqué jeudi à l'AFP M. Moustapha.

Ces élections surviennent à une période charnière pour l'Irak, marquée par le futur retrait des troupes américaines, et un accès de tension entre les autorités kurdes et le gouvernement central de Bagdad qui se disputent le contrôle de territoires riches en pétrole.

Dans ces zones, plusieurs incidents graves, qui auraient pu déboucher sur des affrontements armés, ont eu lieu au cours des derniers mois entre les peshmergas, les combattants kurdes, et l'armée irakienne.

En visite à Washington, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a reconnu jeudi que les divergences entre Bagdad et Erbil, la capitale du Kurdistan, représentaient "l'un des problèmes les plus dangereux" pour l'Irak.

"C'est peut-être l'un des problèmes les plus dangereux qui inquiète l'ensemble du gouvernement irakien", a dit M. Maliki qui n'a plus de contacts directs avec Massoud Barzani depuis plusieurs mois.

strs-mel/lmt

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.