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Le Kurdistan irakien depuis le fiasco du référendum pour l'indépendance


Jeudi 27 septembre 2018 à 11h00

Erbil (Irak), 27 sept 2018 (AFP) — Le Kurdistan irakien autonome a sombré dans le chaos après le fiasco du référendum d'indépendance de septembre 2017, rejeté avec force par le pouvoir central à Bagdad et la communauté internationale.

Le "oui" à l'indépendance l'avait largement emporté, mais Bagdad n'a jamais reconnu ce résultat ni le scrutin lui-même. Et la Cour suprême irakienne a jugé que le référendum kurde était "anticonstitutionnel".

- Vote historique -

Le 25 septembre 2017, le "oui" l'emporte sans surprise avec près de 93% des voix au référendum d'indépendance, organisé malgré l'opposition de Bagdad, la pression des pays voisins et les critiques internationales.

Le scrutin, organisé à l'initiative de Massoud Barzani, s'est tenu non seulement au Kurdistan irakien, mais aussi dans des zones disputées, comme la région pétrolière de Kirkouk.

- Sanctions -

Le 26 septembre, le Premier ministre Haider al-Abadi menace de sanctions le Kurdistan irakien.

Massoud Barzani appelle Bagdad "à ne pas fermer la porte du dialogue", assurant que le référendum ne vise pas à "délimiter la frontière (avec l'Irak) ni à l'imposer de facto".

Le lendemain, les députés irakiens votent en faveur de la fermeture des postes-frontières hors de l'autorité de l'Etat.

Le 29, les liaisons aériennes --hors vols humanitaires, militaires ou diplomatiques-- entre le Kurdistan irakien et l'étranger sont coupées sur ordre de Bagdad. Le 30, l'Iran gèle les échanges de produits pétroliers.

- Reprise de Kirkouk -

Le 13 octobre, les forces gouvernementales lancent des opérations militaires dans la province de Kirkouk et reprennent des premières positions tenues depuis trois ans par les combattants kurdes.

Le 15, les autorités kurdes ignorent les exigences de Bagdad sur le retrait des peshmergas de Kirkouk et l'annulation du référendum. Après expiration d'un ultimatum, l'armée progresse rapidement en direction des champs pétroliers de la province et reprend des routes et des infrastructures.

Le 20, le dernier secteur de Kirkouk encore aux mains des peshmergas est repris par Bagdad.

- Barzani contraint au départ -

Le 23 octobre, le Kurdistan irakien délivre des mandats d'arrêt contre 11 personnalités irakiennes en réaction à des mesures similaires de Bagdad envers des dirigeants kurdes.

En novembre, Massoud Barzani se dit contraint à la démission. Il dénonce une "haute trahison nationale", faisant référence sans les nommer aux dirigeants du parti rival de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) dont les combattants s'étaient retirés sans combat de la province de Kirkouk.

Le 20 novembre, la Cour suprême irakienne déclare "anticonstitutionnel" le référendum.

- Contestation -

Le 18 décembre, un mouvement de contestation éclate dans la province kurde de Souleimaniyeh contre le gouvernement régional basé à Erbil, accusé de "corruption".

Le lendemain, des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants font au moins cinq morts par balles et près de 200 blessés, selon des sources médicales.

- Fin du blocus -

Le 20 janvier, Haider al-Abadi reçoit à Bagdad le chef du gouvernement local kurde Netchirvan Barzani pour la première fois depuis la tentative avortée de sécession.

Le 13 mars, Bagdad lève le blocus aérien, après avoir obtenu de reprendre le contrôle sécuritaire des deux aéroports de la région autonome. Les vols internationaux reprennent à l'aéroport de Souleimaniyeh, une semaine plus tard. Durant près de six mois de blocus, tous les vols du Kurdistan hors du territoire irakien transitaient par Bagdad.

Le 19, Bagdad paye pour la première fois les salaires des fonctionnaires du Kurdistan, un des derniers contentieux importants. Bagdad précise toutefois qu'il ne paiera que tant que le Kurdistan lui reversera les revenus du pétrole produit dans ses trois provinces.

- Elections parlementaires -

Le 11 septembre, le Kurdistan d'Irak lance la campagne pour l'élection, le 30 septembre, des représentants au Parlement de la région autonome.

Le Parlement régional actuel est dominé, comme le gouvernement du Kurdistan d'Irak, par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, suivi de l'UPK du défunt président irakien Jalal Talabani.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.