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Le juge de Saddam Hussein a présenté sa démission


Dimanche 15 janvier 2006 à 16h16

BAGDAD, 15 jan 2006 (AFP) — Le président du tribunal irakien jugeant Saddam Hussein, le Kurde Rizkar Amine, a présenté sa démission pour protester contre les critiques qui l'assaillent, posant une nouvelle fois le problème de l'indépendance d'un tel procès dans le contexte irakien actuel.

Le gouvernement a reçu la lettre de démission de M. Amine il y a quelques jours, a indiqué à l'AFP une porte-parole du Premier ministre irakien Ibrahim Jaafari, sans préciser qu'elle avait été sa réaction.

"Le juge Rizkar Mohamed Amine, président de la 1ère Chambre criminelle (du Haut tribunal pénal), a démissionné pour des raisons personnelles et non sous la pression du gouvernement, contrairement à ce que la presse a annoncé", a assuré, dans un communiqué officiel, le Haut tribunal.

"Le gouvernement ne s'ingère jamais dans les affaires judiciaires", a ajouté le communiqué qui a affirmé que la prochaine audience du premier procès de Saddam Hussein aura lieu, comme prévu, le 24 janvier.

Selon une source proche du Haut tribunal pénal, le juge a démissionné pour protester contre "les dures critiques" dont il est l'objet de la part d'hommes politiques, y compris au gouvernement, qui n'apprécient pas sa manière, jugée molle, de conduire le procès de l'ancien président.

L'ancien président et sept coaccusés sont jugés pour le massacre de près de 150 villageois chiites après une attaque contre le convoi de Saddam Hussein en 1982 à Doujaïl, village situé au nord de Bagdad.

La démission du juge pose de nouveau la question de l'organisation, en Irak même, du procès des anciens dirigeants irakiens, alors que les clans politiques ou religieux se déchirent.

En outre, la publication des conclusions de la Mission internationale pour les élections irakiennes (MIEI) n'aura lieu que jeudi, a indiqué dimanche à l'AFP l'un des membres de la mission, Mazen Chouaib.

Ce report va probablement retarder la publication par la Commission électorale irakienne des résultats définitifs des élections du 15 décembre.

"Nous ne publierons pas nos résultats tant qu'ils (les experts) n'auront pas publié leur rapport", avait indiqué à l'AFP Abdel Hussein al-Hindaoui, membre de la commission électorale.

La publication du résultat des élections est attendue pour donner le véritable coup d'envoi pour la formation du nouveau gouvernement qui pourrait demander plusieurs mois.

Par ailleurs, le ministère de la Justice et l'armée américaine ont annoncé la libération, dimanche matin, de 500 prisonniers, après avoir conclu qu'ils n'étaient impliqués ni dans des crimes ni dans des attaques armées.

Deux journalistes irakiens, arrêtés en août et en septembre, font partie de ces prisonniers libérés, a annoncé l'agence britannique Reuters, leur employeur, dans un communiqué dénonçant "la durée de leur détention, sans qu'aucune accusation n'ait été retenue contre eux".

Six groupes jihadistes ont annoncé, dans un communiqué sur internet, la mise en place d'un Conseil consultatif, dont le principal objectif est d'unifier le combat contre "les croisés et les apostats", c'est-à-dire les Américains et le gouvernement irakien.

Ces groupes sont dirigés par l'Organisation d'Al-Qaïda en Mésopotamie du Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, mais l'Armée islamique en Irak, un groupe très actif, ne figure pas parmi les signataires.

Cette annonce intervient deux jours après la publication d'analyses du renseignement américain, selon lesquelles le groupe de Zarqaoui est en mauvaise posture, avec la perte de nombreux membres et alors que la population sunnite lui est de plus en plus hostile.

Un Marine américain a été retrouvé mort samedi à la suite d'un tir "non hostile", dans l'ouest irakien, selon l'armée américaine. Depuis mars 2003, au moins 2.215 soldats américains et personnels assimilés sont morts en Irak, selon les chiffres du Pentagone.

Un officier de police irakien a été tué par des hommes armés dans l'ouest de Baaqouba, à 60 km au nord-est de Bagdad, selon la police.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.