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Le journal danois Jyllands-Posten, cible d'un nouvel attentat déjoué


Mardi 28 septembre 2010 à 14h23

OSLO, 28 sept 2010 (AFP) — Un Kurde irakien, en détention provisoire en Norvège car soupçonné d'avoir préparé un attentat avec deux autres suspects, a avoué avoir projeté une attaque visant le journal danois Jyllands-Posten, cible de menaces islamistes depuis la publication de caricatures de Mahomet en 2005.

"L'un des suspects a été entendu et, à travers ses déclarations, nous avons recueilli une confession portant sur des projets d'attaque terroriste", a déclaré mardi à l'AFP une porte-parole de l'Agence de sécurité de la police norvégienne (PST), Siv Alsen.

"Sur la base de ses déclarations, tout indique que la cible était le journal Jyllands-Posten au Danemark", a-t-elle ajouté.

Selon la porte-parole, les aveux émanent de Shawan Sadek Saeed Bujak.

Etabli en Norvège depuis 1999, ce Kurde irakien de 37 ans avait été arrêté le 8 juillet en Allemagne, où il était en vacances avec sa famille. Ses deux complices présumés, Mikael Davud, Norvégien de 39 ans d'origine ouïghour, et David Jakobsen, Ouzbek de 31 ans, avaient été arrêtés le même jour près d'Oslo.

La PST soupçonne les trois hommes d'avoir préparé une attaque contre une cible que la police pensait jusqu'à présent être en Norvège.

Selon les enquêteurs, le groupe a tenté de se doter des composants nécessaires à la fabrication d'explosifs, dont du peroxyde d'hydrogène auquel les policiers ont subrepticement substitué un liquide inoffensif.

Les services de renseignements de la police danoise (PET) ont de leur côté indiqué "pouvoir confirmer les révélations" de leurs collègues norvégiens.

"C'est la deuxième fois en très peu de temps que sont rendus publics des renseignements disant que le Jyllands-Posten a probablement été la cible d'actions terroristes organisées", a noté leur directeur Jakob Scharf.

Depuis la publication de 12 caricatures du prophète Mahomet qui avait provoqué de violentes manifestations dans le monde musulman, le quotidien, ses responsables et les auteurs des dessins ont été dans le collimateur des islamistes.

Le 10 septembre, la police danoise a arrêté un jeune homme, originaire de Tchétchénie, après l'explosion dans un hôtel d'une lettre piégée qui, selon les enquêteurs, visait vraisemblablement le quotidien.

Auteur de la caricature la plus controversée qui montre le prophète coiffé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée, Kurt Westergaard a aussi échappé in extremis le 1er janvier à un Somalien qui s'était introduit à son domicile, armé d'une hache et d'un couteau.

"C'est très choquant pour les collaborateurs du journal et leurs proches, comme à chaque fois que des projets d'attentats contre le Jyllands-Posten sont révélés", a déclaré mardi le rédacteur en chef du journal, Joern Mikkelsen, réagissant aux nouvelles révélations.

Depuis son agression, Kurt Westergaard, 75 ans, vit ainsi sous protection policière rapprochée. Le journal, lui, s'est retranché derrière une haute clôture surplombée de caméras de surveillance.

A Oslo, la police norvégienne a précisé que les deux autres suspects du dernier projet d'attentat connu en date, Mikael Davud, le cerveau présumé, et David Jakobsen étaient à leur tour actuellement entendus.

Selon certains médias, Mikael Davud a suivi une formation dans un camp d'entraînement d'Al-Qaïda au Pakistan et a été en contact avec un certain "Ahmad", un responsable d'Al-Qaïda.

Une piste que l'un des deux avocats de Shawan Sadek Saeed Bujak a tenté d'écarter mardi.

Shawan Sadek Saeed Bujak "rejette les allégations selon lesquelles il aurait fait partie d'une cellule terroriste. Il n'est pas non plus au courant d'une connexion avec Al-Qaïda", a dit l'avocat Brynjar Meling au journal Verdens Gang (VG).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.