Mardi 27 novembre 2012 à 16h29
ANKARA, 27 nov 2012 (AFP) — Le gouvernement turc a demandé mardi à l'Assemblée nationale de lever l'immunité parlementaire de dix élus kurdes qui avaient provoqué un tollé l'été dernier en donnant, sous l'oeil des médias, l'accolade à des rebelles kurdes dans une zone de combats du Sud-Est anatolien.
Les services du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ont transmis à la présidence de l'Assemblée une demande d'autorisation pour l'ouverture d'une enquête visant ces élus sous l'accusation "d'aide à une organisation terroriste armée", a rapporté l'agence de presse Anatolie.
Neuf des dix députés visés sont membres du principal parti kurde de Turquie, le Parti de la paix et de la démocratie (BDP), la dernière une députée kurde indépendante.
Ces élus avaient défrayé la chronique et provoqué la colère de M. Erdogan en fraternisant ostensiblement en août devant les caméras de télévision avec des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) près de Semdinli, une localité de la province de Hakkari (sud-est) alors en proie à des violences.
La vice-présidente du BDP, Gültan Kisanak, a réagi à cette procédure en accusant M. Erdogan de manipuler l'opinion publique.
"Nous en avons assez de voir le Premier ministre modifier l'ordre du jour à sa guise, de sa façon de créer la polémique", a déclaré M. Kisanak, citée par Anatolie, devant son groupe parlementaire. "Alors que nous disons +cherchons un moyen de résoudre la question kurde+, le Premier ministre lance l'affaire de l'immunité", a-t-elle déploré.
La présidence de l'Assemblée doit à présent transmettre la demande du gouvernement à la commission chargée de la Constitution et de la Justice, qui doit rendre un avis dans les deux mois avant un vote en session plénière de l'Assemblée.
Si le Parlement vote la levée de leur immunité, les intéressés pourront encore déposer un recours devant la Cour constitutionnelle.
"Les députés ne perdront pas leurs sièges si leur immunité est levée. Les obstacles à une enquête et un procès seront supprimés (mais) cela n'affectera pas l'activité législative des députés", a indiqué le vice-Premier ministre Bekir Bozdag.
Le conflit avec le PKK, considéré par Ankara comme une organisation terroriste, a déjà coûté la vie à environ 45.000 personnes depuis 1984.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.