Mardi 30 janvier 2007 à 18h41
ANKARA, 30 jan 2007 (AFP) — L'envoyé spécial américain chargé de coordonner la lutte contre les rebelles séparatistes kurdes, Joseph W. Ralston, a promis mardi à Ankara de concourir à la lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), alors que la Turquie accuse les Etats-Unis d'inaction.
"Nous travaillons à de nombreuses actions possibles pour contrer le PKK", a déclaré M. Ralston après les entretiens avec son homologue turc Edip Baser et le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül.
"Nous restons très concentrés sur cet effort, avec de nombreuses initiatives, et j'ai bon espoir qu'avec un peu de patience de la part du peuple turc nous remplirons avec succès notre tâche", a-t-il ajouté.
Il a notamment émis l'espoir que le président de la région autonome kurde dans le nord de l'Irak, Massud Barzani, un allié clé des Etats-Unis dont les relations avec la Turquie se sont détériorées ces derniers mois, aiderait à combattre le PKK.
"J'estime que je peux le convaincre que le PKK est une menace pour la stabilité dans le nord de l'Irak autant qu'une menace pour le peuple turc, et j'ai demandé son aide pour fermer et contrer le PKK", a déclaré le responsable américain.
Sa visite faisait suite a des critiques sévères émises par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui a accusé les Etats-Unis et l'Irak d'inaction face au PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et Washington mais dont les camps dans le nord de l'Irak servent de base arrière à des opérations en Turquie.
M. Erdogan a estimé le mois dernier que Washington et Bagdad n'avaient pas tenu leurs promesses et que la nomination de M. Ralston en août n'avait produit aucun résultat, avant d'évoquer une "tactique" dilatoire des autorités américaines.
Il a affirmé que les bureaux du PKK avaient pignon sur rue en Irak et que des rebelles s'étaient infiltrés en Turquie en possession d'armes et d'explosifs de provenance américaine.
Les Etats-Unis expliquent leur peu d'empressement à aller combattre le PKK par les violences qui les occupent déjà dans de nombreuses régions irakiennes et disent privilégier des approches non militaires, comme des mesures pour couper les financements de l'organisation.
Washington a enjoint Ankara de ne pas lancer d'opération transfrontalière unilatérale, estimant qu'une telle action pourrait déstabiliser le nord de l'Irak et aggraver les tensions entre la Turquie et les Kurdes irakiens.
La Turquie accuse les Kurdes d'Irak de vouloir s'approprier les ressources énergétiques de la ville multiethnique de Kirkouk pour faciliter leur projet d'indépendance, une situation qui pourrait attiser le séparatisme chez les Kurdes de Turquie.
Le PKK se bat depuis 1984 pour l'indépendance du sud-est anatolien à la population majoritairement kurde. Le conflit a fait quelque 37.000 morts.
M. Ralston, arrivé à Ankara en provenance d'Irak, doit rencontrer le chef d'état-major Yasar Büyükanit mercredi, avant de quitter la Turquie.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.