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Le conflit kurde en Turquie


Mardi 13 decembre 2016 à 16h21

Ankara, 13 déc 2016 (AFP) — Le conflit kurde en Turquie, auquel est lié le double attentat de samedi à Istanbul, a fait plus de 40.000 morts depuis 1984 et s'enracine dans l'Histoire:

- 1920: le traité de Sèvres démembrant l'Empire ottoman envisage un Etat kurde mais les Alliés se ravisent après la victoire de Mustafa Kemal.

- 1923: le traité de Lausanne consacre la domination sur le Kurdistan de la Turquie, l'Iran, la Grande-Bretagne (pour l'Irak) et la France (pour la Syrie).

- 1925, 1927-1930 et 1936-1938: soulèvements kurdes en Turquie

- 1978: naissance du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)

- 15 août 1984: le PKK engage la lutte armée en Anatolie (sud-est turc).

- 1992: intervention turque contre le PKK au Kurdistan irakien (nord de l'Irak) qui s'autonomise depuis mars 1991. Combats entre le PKK et les Kurdes irakiens qui apportent leur soutien à l'armée turque.

- mars 1995: 36.000 soldats turcs déployés dans le nord irakien pour combattre le PKK. Début d'une politique de la terre brûlée dans le sud-est anatolien, qui contraint à l'exil 2 à 3 millions de personnes.

- 15 février 1999: capture au Kenya du chef du PKK Abdullah Öcalan. Condamné à mort le 29 juin, sa peine est commuée en 2002 en réclusion à perpétuité.

- sept 1999: le PKK décrète une trêve (jusqu'à fin mai 2004).

- 2 août 2002: le Parlement turc légalise la diffusion audiovisuelle et l'enseignement en kurde. Premières émissions nationales en kurde le 9 juin 2004.

- 14 août 2009: Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, annonce une ouverture qui fera long feu après la dissolution par la justice le 11 décembre du principal parti prokurde, le Parti pour une société démocratique (DTP).

- 29 mai 2010: Öcalan met fin au dialogue. Flambée de violences.

- automne 2011: après une percée électorale kurde aux législatives de juin, affrontements et arrestations alors que des discussions directes secrètes engagées en 2009 en Norvège échouent.

- 31 décembre 2012: après une grève de la faim de centaines de détenus kurdes, les autorités admettent avoir repris des discussions avec Öcalan. L'assassinat de trois militantes kurdes à Paris le 9 janvier 2013 menace le processus.

- 21 mars 2013: au Nouvel an kurde, début d'une trêve alors qu'Öcalan appelle le PKK à déposer les armes. En novembre, Erdogan et le leader kurde irakien Massoud Barzani plaident la paix à Diyarbakir (sud-est). Heurts en décembre.

- août/oct 2014: aux 30 ans du conflit, Öcalan estime qu'il touche à sa fin. Le Premier ministre Ahmet Davutoglu promet la paix d'ici 2023. Mais le conflit syrien voisin envenime les relations armée/PKK. En octobre, émeutes de jeunes Kurdes (34 morts).

- 20 juil 2015: la trêve expire après un attentat anti-kurde à Suruç à la frontière syrienne (34 morts). L'aviation turque multiplie les raids anti-PKK en Irak, et mène une vaste offensive militaire en Anatolie où le PKK lance un "soulèvement urbain".

- nuit du 3 au 4 novembre 2016: les coprésidents du Parti démocratique des peuples (HDP, 3e parti du pays), Selahattin Demirtas et Mme Figen Yüksekdag, ainsi qu'une dizaine de députés de cette formation sont arrêtés et placés en détention préventive dans le cadre d'une enquête "antiterroriste" liée au PKK.

- 10 décembre: au moins 44 personnes sont tuées au coeur d'Istanbul dans un double attentat revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), proche du PKK.

- 12 décembre: arrestation de près de 300 membres du HDP dans l'ensemble du pays.

Combats quotidiens dans le sud-est, attentats sanglants à Ankara et Istanbul, répression accrue contre les pro-Kurdes notamment le HDP, alors que la Turquie, en état d'urgence après une tentative de coup d'Etat en juillet 2016, intervient militairement dans le nord de l'Irak et en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.