Lundi 23 avril 2012 à 19h27
ERBIL (Irak), 23 avr 2012 (AFP) — Le chef de le région autonome du Kurdistan irakien Massoud Barzani s'est déclaré opposé à la vente par les Etats-Unis de F-16 à l'Irak tant que Nouri al-Maliki demeurait Premier ministre craignant qu'il ne les utilise contre son territoire.
"Les F-16 ne doivent pas arriver dans les mains de cet homme. Nous devons empêcher qu'il possède ce type d'armes et s'il les obtient, il ne doit pas rester à son poste", a-t-il déclaré dimanche soir à des journalistes.
En décembre 2011, les Etats-Unis avaient donné leur accord pour vendre 36 F-16 à Bagdad dans un contrat de plusieurs milliards de dollars.
M. Barzani prétend sans en apporter la preuve ni la date que M. Maliki, lors d'une réunion avec des officiers de l'armée irakienne, aurait menacé d'user ces appareils pour frapper le Kurdistan.
Selon lui, "ils ont parlé des problèmes entre Bagdad et Erbil et les officiers lui ont dit: +Monsieur. Donnez nous l'ordre et nous allons les chasser d'Erbil" et il (Maliki) a répondu: +Attendez l'arrivée des F-16".
Jamais les relations entre les deux hommes les plus puissants d'Irak n'ont atteint un tel degré d'animosité.
Massoud Barzani, inquiet des conséquences d'un pouvoir fort à Bagdad, a multiplié ces derniers temps les attaques contre le chef de gouvernement irakien l'accusant de se conduire en dictateur en concentrant tous les pouvoirs entre ses mains.
Par ailleurs, pour le dirigeant kurde, l'installation dans sa région d'ExxonMobil, la plus grande compagnie pétrolière au monde, représenterait une protection considérable.
"Quand j'ai été aux aux Etats-Unis (ce mois-ci), ils (ExxonMobil) ont voulu me voir et m'ont affirmé être engagés par ce qu'ils ont signé", a souligné M. Barzani.
"Si ExxonMobil vient cela équivaut à la présence de divisions militaires américaines", a-t-il ajouté. C'est même mieux, selon lui, car "les dix divisions (américaines) peuvent se retirer immédiatement si elles reçoivent un télégramme en ce sens" de Washington alors qu'avec ExxonMobil "nous pouvons dire qu'ils défendront leur territoire car ils y auront des intérêts".
ExxonMobil avait signé à la mi-octobre un accord d'exploration pétrolière avec le Kurdistan, s'attirant les foudres du gouvernement central irakien, qui considère cet accord comme nul et non avenu.
Mais un responsable gouvernemental irakien avait indiqué à la mi-mars que le groupe américain "suspendait" ce contrat, au sujet duquel Bagdad et la région autonome sont en conflit depuis plusieurs mois, ce qu'à démenti la présidence kurde.
La région kurde, devenue autonome en 1991 avec l'interdiction faite à l'aviation irakienne de survoler ce territoire, est en conflit avec le pouvoir central depuis le création de l'Irak dans les années 20. Les dirigeants arabes qui ont gouverné ce pays ont toujours voulu s'emparer de ce territoire rebelle.
"Il s'agit chez les Kurdes d'une peur historique", estime l'expert de l'Irak Reidar Visser, l'éditeur du site www.historiae.org.
Pour Jotyar Adel, professeur de sciences politiques à l'université Salaheddine à Erbil, "il existe une peur chez le président de la région (Massoud Barzani) liée à la mémoire historique des autorités kurdes envers le gouvernement irakien".
Le 20 mars, Massoud Barzani avait accusé dans un discours M. Maliki de mettre sur pied une force à ses ordres. "On assiste à une tentative de mettre sur pied une armée d'un million d'âmes dévouées à une seule personne", a-t-il souligné.
"Où, dans le monde, une seule et même personne peut-elle être Premier ministre, chef des armées, ministre de la Défense, ministre de l'Intérieur, chef des services secrets et chef du conseil de sécurité nationale ?", avait-il martelé.
Il avait ajouté que le gouvernement de Bagdad "attendait d'obtenir les F-16 pour confronter les peshmergas (milices kurdes).
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.