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Le chef de l'EI tué dans une opération américaine en Syrie


Jeudi 3 février 2022 à 14h59

Atmé (Syrie), 3 fév 2022 (AFP) — Le dirigeant du groupe jihadiste Etat islamique (EI) Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi a été tué lors d'une opération des forces spéciales américaines jeudi avant l'aube en Syrie, plus de deux ans après l'élimination de son prédécesseur.

L'armée américaine a "éliminé du champ de bataille" le dirigeant de l'EI lors d'une opération dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé le président Joe Biden à Washington.

Tous les soldats américains sont sains et saufs, a-t-il ajouté en indiquant qu'il s'adresserait au peuple américain plus tard dans la journée.

Selon un haut responsable de la Maison Blanche, le chef de l'EI est mort dans une explosion qu'il a lui-même causée. "Au début de l'opération, la cible terroriste a fait exploser une bombe qui l'a tuée ainsi que des membres de sa propre famille dont des femmes et des enfants."

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les militaires américains ont atterri en hélicoptère près de camps de déplacés de la localité d'Atmé, une région de la province d'Idleb, et des affrontements ont ensuite éclaté. Treize personnes ont été tuées, dont quatre femmes et trois enfants, a indiqué l'ONG sans aucune précision sur les victimes.

En octobre 2019, Abou Bakr al-Baghdadi, prédécesseur de Qourachi, a été tué dans un raid américain dans la région d'Idleb contrôlée en grande partie par les jihadistes et les rebelles.

Qourachi avait succédé fin octobre 2019 à la tête du groupe ultraradical responsable de nombreuses atrocités et exactions et d'attentats au Moyen-Orient et dans plusieurs pays occidentaux, mais il n'avait été formellement identifié qu'après plusieurs mois par les services secrets irakiens et américains. Washington avait promis une récompense de 10 millions de dollars pour toute information aidant à le trouver.

- "Le destructeur" -

Surnommé "le professeur" ou le "destructeur", Amir Mohammed Saïd Abdel Rahman al-Mawla, jihadiste aux multiples alias présenté par le groupe jihadiste comme "l'émir" Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, a entre autres présidé au massacre de la minorité kurdophone des Yazidis.

Selon des correspondants de l'AFP à Atmé, l'opération a visé un bâtiment de deux étages dans une zone entourée d'arbres. Une partie du bâtiment a été détruite et le parterre des pièces était couvert de sang.

Des habitants ont indiqué à l'AFP avoir entendu le bruit des hélicoptères, puis des "explosions".

Dans un enregistrement audio attribué aux forces américaines et ayant circulé parmi la population, une personne parlant en arabe demande aux femmes et aux enfants d'évacuer les maisons dans la zone visée.

Les hélicoptères américains ont décollé d'une base militaire dans la ville syrienne à majorité kurde de Kobani (nord) et des membres des forces spéciales des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et formées par les Etats-Unis, ont participé à l'opération, d'après l'OSDH.

Avant l'annonce américaine, Farhad Shami, le porte-parole des FDS, a déclaré sur Twitter que l'opération avait "visé les terroristes internationaux les plus dangereux".

- Jihadistes cachés -

Selon des experts, des camps de déplacés surpeuplés de la région d'Atmé, située dans le nord de la province d'Idleb, servent de base aux chefs jihadistes qui s'y cachent.

Une grande partie de la province d'Idleb ainsi que des secteurs des provinces voisines de Hama, d'Alep et de Lattaquié sont dominés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Des groupes rebelles et d'autres factions jihadistes y sont également présents.

Ces factions ont déjà été la cible principalement de raids aériens du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis et des forces spéciales américaines.

Néanmoins les opérations héliportées restent très rares en Syrie, où des troupes américaines sont déployées dans le cadre de la coalition antijihadistes.

L'opération de jeudi est intervenue quelques jours après la fin d'un assaut de l'EI contre une prison tenue par les FDS, dans la région de Hassaké (nord-est).

Cet assaut fut la plus importante offensive du groupe jihadiste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux FDS aidées par la coalition internationale. L'attaque de la prison et les combats ayant suivi, ont fait 373 morts, dont 268 jihadistes, 98 membres des forces kurdes et sept civils selon l'OSDH.

L'EI a été chassé de ses fiefs en Syrie et en Irak mais continue de mener des attaques dans ces deux pays voisins à travers des cellules dormantes.

La guerre complexe en Syrie, pays morcelé où interviennent différents protagonistes, a fait environ 500.000 morts depuis 2011.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.