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Le chef de l'armée turque prône "la patience" face aux rebelles kurdes


Lundi 21 juin 2010 à 15h04

ANKARA, 21 juin 2010 (AFP) — Le chef de l'armée turque a prôné "la patience" lundi dans la lutte contre la rébellion kurde après des attaques meurtrières durant le week-end, alors que les Etats-Unis se disaient prêts à accroître leur aide à la Turquie dans sa lutte contre les rebelles.

"Nous sommes totalement déterminés à combattre l'organisation terroriste jusqu'à ce qu'elle soit anéantie. Ce combat est un combat à long terme et demande de la patience", a déclaré le général Ilker Basbug.

Douze soldats turcs ont été tués durant le week-end lors d'attaques du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est du pays.

Le chef de l'armée a ajouté que la lutte contre les rebelles doit associer des mesures de sécurité et des initiatives économiques en faveur de la communauté kurde qui compte environ 15 millions de personnes sur une population totale d'environ 73 millions.

Il a souligné cependant "qu'il serait erroné de penser que la terreur sera éradiquée seulement en prenant les mesures nécessaires dans les domaines économique et socio-culturel, tant que l'organisation terroriste maintient des éléments armés" dans ses rangs.

Les Etats-Unis ont pour leur part assuré qu'ils étaient prêts à accroître leur aide si Ankara en faisait la demande.

"Nous sommes prêts à examiner de manière urgente toute nouvelle demande de l'armée ou du gouvernement turc concernant le PKK", a déclaré l'ambassadeur américain en Turquie James Jeffrey.

Qualifiant le PKK d'"ennemi commun" des deux pays, le diplomate a souligné qu'il n'y a "pas eu de changement" dans le niveau des échanges entre leurs services de renseignements.

L'attaque principale contre les forces turques durant le week-end a été perpétrée tôt samedi contre un avant-poste turc à la frontière irakienne.

L'aviation turque a répliqué en menant un raid contre les bases arrières du PKK dans le nord de l'Irak.

L'armée turque a également effectué une incursion terrestre en Irak, jusqu'à une profondeur de 10 kilomètres, dans la nuit de samedi à dimanche, tuant quatre personnes, selon les autorités irakiennes.

Cette incursion terrestre, la deuxième en cinq jours, a été condamnée par Bagdad. Elle n'a pas été confirmée par l'armée turque.

Lundi matin, le président turc Abdullah Gül a réuni le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le ministre de la Défense Vecdi Gonul, le ministre de l'Intérieur Besir Atalay, le général Basbug ainsi que d'autres dirigeants militaires et du renseignement.

A l'issue de la rencontre, la présidence a indiqué que des "mesures additionnelles à court et moyen terme" avaient été décidées, dont un "examen de l'organisation des services de renseignement et des personnels déployés sur place".

Le communiqué insiste également sur "l'importance de rendre plus efficace la coordination avec les pays concernés et voisins" dans la lutte contre le PKK.

Le gouvernement Erdogan est critiqué pour l'escalade actuelle de la violence. Devlet Bahceli, chef de file des nationalistes, a réclamé le rétablissement de l'état d'urgence dans le sud-est.

Avec la fin de l'hiver, les rebelles du PKK ont multiplié les opérations d'infiltration à partir des régions montagneuses d'Irak où 2.000 d'entre eux, selon Ankara, sont retranchés.

Le conflit a fait plus de 45.000 morts depuis 1984, selon des chiffres officiels.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.