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Le bilan des morts grimpe en Iran, manifestations prorégime


Vendredi 23 septembre 2022 à 12h18

Paris, 23 sept 2022 (AFP) — Des Iraniens ont commencé à défiler vendredi à l'appel des autorités pour défendre le port du voile et dénoncer les "mercenaires", après une semaine de protestations déclenchées par la mort d'une jeune femme arrêtée par la police, qui ont fait au moins 17 morts.

Alors qu'à l'étranger des ONG ont dénoncé une répression "brutale" des manifestations en Iran, les connexions internet y sont toujours très perturbées vendredi, avec le blocage de WhatsApp et Instagram.

Mahsa Amini, âgée 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique. Elle est décédée trois jours plus tard à l'hôpital, et sa mort a entraîné une série de manifestations à travers le pays.

Un média d'Etat a fait état jeudi de la mort de 17 personnes dans ces manifestations, mais des ONG, comme le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI) basé à New York, avancent des bilans plus élevés. "Des sources indépendantes parlent de 36" décès, a indiqué jeudi soir sur Twitter le CHRI.

- Tirs à balles réelles -

"Attendez-vous à ce que ce bilan monte. Les dirigeants internationaux doivent faire pression sur les responsables iraniens pour autoriser les manifestations sans recours à des armes létales", a-t-il ajouté.

Après la mort de Mahsa Amini, des manifestations ont éclaté dans les principales villes d'Iran parmi lesquelles la capitale Téhéran, Ispahan (centre) ou Mashhad (nord-est).

"Le gouvernement a riposté avec des balles réelles, des pistolets à plomb et des gaz lacrymogène, selon les vidéos partagées sur les réseaux sociaux qui ont montré des manifestants qui saignaient abondamment", indique encore le CHRI dans un communiqué.

Selon l'organisation kurde de défense des droits humains Hengaw, les forces de sécurité ont tiré durant la nuit de jeudi à vendredi avec des "armes +semi-lourdes+" sur les manifestants dans la ville de Oshnaviyeh (nord-ouest, sans préciser de quelles armes il s'agissait.

Dans plusieurs villes, des manifestants ont affronté les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon des médias et des militants.

La police a arrêté un nombre indéterminé de personnes, parmi lesquels des journalistes, ont rapporté des médias iraniens.

Les images les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l'on voit des femmes mettre le feu à leur foulard. En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et n'ont pas le droit de porter des manteaux courts ou serrés ou des jeans troués.

Les autorités iraniennes, qui ont promis une enquête sur la mort de Mahsa Amini, démentent toute implication des forces de l'ordre dans la mort des manifestants, qualifiés d'"ennemis", d'"émeutiers professionnels" ou encore de "contre-révolutionnaires".

A l'appel d'un organisme chargé d'organiser des manifestations officielles, des milliers de personnes ont commencé à défiler dans plusieurs villes d'Iran après la prière hebdomadaire, comme Téhéran, Qom ou Ispahan.

- "Mercenaires" -

Des centaines de personnes parmi lesquelles des femmes en tchador ont manifesté notamment à Téhéran avec des drapeaux de la République islamique, des pancartes de soutien et de remerciements aux forces de l'ordre, selon la télévision d'Etat.

"Morts aux complotistes", "Prôner la fin du voile, c'est la politique des Américains", pouvatit-on entendre comme slogans.

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, s'en sont pris aux manifestants et ont dénoncé "la guerre médiatique" déclenchée "sous prétexte de la mort d'une compatriote".

Louant les "efforts et les sacrifices de la police", ils ont assuré que la récente "conspiration de l'ennemi" serait "vouée à l'échec".

Les autorités avaient fait état la veille de la mort de cinq membres des forces de l'ordre.

Pour sa part, le chef du pouvoir judiciaire, Gholam Hossein Mohseni-Ejei, a averti que "les personnes ayant endommagé les biens publics et gouvernementaux, désobéi à la police ou étant liés aux services d'espionnage étrangers" devaient être traitées "sans aucune indulgence".

Après le début des manifestations le 16 septembre au soir, le pouvoir a réduit l'accès à Internet et depuis mercredi a bloqué l'accès à Instagram et à WhatsApp.

Cette mesure a été prise à cause "des actions menées via ces réseaux sociaux par des contre-révolutionnaires contre la sécurité nationale", selon l'agence Fars.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.