Lundi 26 juin 2006 à 15h42
ANKARA, 26 juin 2006 (AFP) — Le parquet d'Ankara a lancé lundi une instruction judiciaire contre le principal parti pro-kurde de Turquie, au lendemain d'un congrès où des effigies du chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Öcalan ont été déployées, a rapporté l'agence Anatolie.
Des responsables du parti, souvent accusé de collusion avec la rébellion armée kurde, sont notamment accusés d'apologie du terrorisme, selon l'agence.
Une instruction de ce genre pourrait, à terme, aboutir à une interdiction d'un parti politique.
Lors de son congrès dimanche dans la capitale turque, les dirigeants du Parti pour une société démocratique (DTP) ont voté l'abrogation du principe de coprésidence en vigueur depuis sa fondation en 2005 afin de rendre les statuts conformes à la loi, qui ne prévoit qu'un seul dirigeant.
Seul candidat, son ex-coprésident Ahmet Türk, un homme politique kurde chevronné plusieurs fois député, a été élu président sans difficulté.
Le premier congrès du DTP a été marqué par la présence d'invités étrangers du bureau international de Batasuna, bras politique du groupe indépendantiste basque armé ETA, et du Sinn Fein, aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).
L'ex-coprésidente du DTP Aysel Tugluk a profité de cette occasion pour appeler implicitement l'Etat turc à lancer des discussions entre Ankara et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis.
Plusieurs maires DTP du Sud-Est de la Turquie, à majorité kurde, sont sous le coup de poursuites judiciaires, notamment pour apologie du terrorisme.
Les combats entre les forces de sécurité et le PKK ont fait plus de 37.000 morts depuis 1984.
Le DTP, qui n'est pas représenté au Parlement, milite pour les droits des Kurdes en Turquie et la levée du seuil de 10% des voix nécessaire aux législatives pour envoyer des députés à l'Assemblée nationale.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.