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La Turquie veut ouvrir une nouvelle page dans le conflit kurde


Mardi 28 septembre 2010 à 11h27

ANKARA, 28 sept 2010 (AFP) — Le gouvernement turc multiplie les démarches, en Turquie même mais aussi à Washington et Erbil (Kurdistan irakien), pour tenter de trouver un règlement au conflit qui oppose depuis plus d'un quart de siècle les rebelles kurdes du sud-est du pays aux forces d'Ankara.

Conforté le 12 septembre par sa victoire à un référendum constitutionnel qui accroît les pouvoirs de l'autorité civile sur les militaires et renforce la démocratie, le Parti de la justice du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), s'est attaqué à la très difficile question kurde.

Des contacts ont été établis avec Abdullah Öcalan, leader incontournable de la rébellion kurde, emprisonné à vie mais qui assure, par l'intermédiaire de ses avocats, un puissant contrôle sur son mouvement armé, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a démenti toute "négociation". Mais des responsables ont plus d'une fois rencontré le leader kurde, selon la presse.

Lundi, de retour d'une visite à l'île d'Imrali (nord-ouest) où est détenu Öcalan depuis 1999, son avocate, Aysel Tugluk, a expliqué aux journalistes que son client l'a assuré que ses "efforts pour la paix se poursuivront".

"Nous souhaitons un règlement sur une base démocratique et politique. Nous ne recherchons pas une solution par les armes", aurait insisté Öcalan.

Appelée à commenter ces propos, Mme Tugluk a affiché un optimisme peu commun: "Nous sommes plus proches de la paix".

La semaine dernière, des responsables gouvernementaux ont, fait rare, rencontré des politiciens réputés proches du PKK.

L'objectif d'Ankara serait d'obtenir la prolongation sine die d'une trêve dans les combats déclarée en août par le PKK, qui permettrait l'adoption de nouvelles mesures démocratiques en faveur de la communauté kurde, qui représente de 12 à 15 millions des 73 millions de Turcs, indique-t-on de source proche du gouvernement.

Les rebelles quitteraient la Turquie pour se replier dans leurs repaires du nord de l'Irak, au Kurdistan irakien, dans l'attente de nouvelles directives de leurs chefs.

Afin de convaincre les Kurdes d'Irak de coopérer avec Ankara dans sa lutte contre le PKK, le ministre turc de l'Intérieur Besir Atalay a de son côté rencontré dimanche à Erbil (nord de l'Irak) le président de la région irakienne autonome du Kurdistan, Massoud Barzani.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et de nombreux pays, mène depuis 1984 une lutte armée pour la défense des droits des Kurdes. Le conflit a fait 45.000 morts, selon l'armée.

Ankara évalue à environ 2.000 le nombre des rebelles retranchés en Irak.

Les Etats-Unis sont concernés par le problème kurde en Turquie: ils fournissent à l'armée turque des renseignements sur les positions des rebelles, et ont une influence sur le sort du PKK en Irak, du fait de leur proximité avec les Kurdes irakiens et de leur présence en Irak.

Le chef du renseignement turc (MIT) s'est récemment rendu aux Etats-Unis pour évoquer la question.

Mais en dépit du dialogue engagé avec le PKK, de sérieux points d'achoppement persistent dans cet épineux dossier.

Ainsi, les Kurdes réclament une reconnaissance explicite de leur identité ethnique dans la Constitution et le droit à l'enseignement public dans leur langue. Le gouvernement est opposé à ces demandes, au nom de l'unité nationale.

Sur le terrain, les violences quotidiennnes persistent, en dépit de la trêve du PKK. Neuf civils ont été tués à la mi-septembre par l'explosion d'une mine dans l'extrême sud-est. Le PKK, soupçonné, a nié toute responsabilité.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.