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La Turquie résolue à écraser les rebelles kurdes en Irak après une attaque


Lundi 22 octobre 2007 à 10h00

ANKARA, 22 oct 2007 (AFP) — Au lendemain de violents combats entre l'armée turque et les rebelles kurdes, le président Abdullah Gül reçoit lundi les chefs des partis politiques, la Turquie étant prête à payer le prix d'une opération dans le nord de l'Irak pour anéantir les camps rebelles.

Quelque 200 rebelles, selon les médias, du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui se seraient infiltrés depuis le territoire irakien, ont tué 12 soldats tôt dimanche, provoquant l'émoi d'une opinion publique excédée par ces attaques.

L'armée a par la suite tué 32 séparatistes dans les accrochages les plus violents de ces dernières années dans la zone très escarpée de l'embuscade contre les soldats, située à proximité de la frontière irakienne, dans la province de Hakkari (extrême sud-est).

Cette nouvelle escalade de violences à la frontière turco-irakienne est intervenue quatre jours après le feu-vert du Parlement turc à des incursions militaires turques contre les repaires des rebelles situés dans la montagne irakienne.

Elle a éclipsé un référendum sur une réforme constitutionnelle et mis le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, accusé de faiblesse par l'opposition parlementaire et la presse, dans une position encore plus inconfortable.

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues à travers la Turquie pour dénoncer le PKK et exhorter le gouvernement à agir.

M. Erdogan, qui avait souhaité que l'autorisation du Parlement ne soit jamais utilisée, espérant résoudre le problème par des voies diplomatiques -qui n'ont rien donné- auprès de Bagdad et de Washington, a laissé entendre qu'une réplique immédiate n'était pas à l'ordre du jour.

"Nous agirons l'esprit calme", a-t-il déclaré dimanche aux journalistes.

114 soldats ont été tués dans des violences attribuées au PKK depuis l'intensification dès le début de l'année des attaques de ce mouvement, considéré comme organisation terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne.

Les chefs de l'opposition ont sommé le Premier ministre d'ordonner une opération en Irak. Mais M. Erdogan a déclaré après une réunion de crise que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice avait demandé à Ankara d'observer une pause de quelques jours avant une éventuelle riposte.

"Nous attendons des Etats-Unis qu'ils prennent des mesures rapides (contre le PKK) compte tenu de notre partenariat stratégique", a déclaré Erdogan dimanche soir, laissant entendre que la Turquie espère une intervention de Washington contre le PKK.

Les Etats-Unis craignent qu'une intervention turque contre le PKK dans le nord de l'Irak déstabilise la région contrôlée par leur alliés Kurdes irakiens.

Un communiqué publié au terme d'un sommet de crise convoqué par M. Gül des dirigeants civils et militaires a souligné la détermination d'Ankara de sévir contre les rebelles retranchés en Irak.

"La Turquie n'hésitera pas à payer le prix, quel qu'il soit, pour protéger son droit, son unité indivisible et ses citoyens", dit le texte.

M. Gül a commencé lundi matin à recevoir les dirigeants des formations représentées à l'Assemblée, à commencer par celui du parti républicain du peuple (CHP), Deniz Baykal, pour prôner l'unité du pays.

Le gouvernement irakien a dit prendre d'importantes mesures pour mettre fin à ce qu'il a qualifié d'"actes terroristes" du PKK.

Mais le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani a prévenu que sa région autonome se défendrait en cas d'invasion turque.

Rusen Cakir, journaliste au quotidien Vatan et expert de la question kurde, estimait lundi que la nouvelle stratégie de l'aile dure du PKK de tuer le plus de soldats possible allait se retourner contre lui comme un boomerang.

"Il est possible qu'ils déclarent une nouvelle trêve. Mais ils sont à un point de non retour", selon l'analyste.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.