Page Précédente

La Turquie renouvelle l'autorisation de frappes contre le PKK en Irak


Mercredi 8 octobre 2008 à 19h00

ANKARA, 8 oct 2008 (AFP) — Le Parlement turc a renouvelé mercredi une autorisation donnée à l'armée de procéder à des frappes contre les bases des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak, alors qu'une attaque attribuée au PKK a fait quatre morts en Turquie.

Sur 529 députés présents dans l'hémicycle au cours du vote, 511 ont soutenu la motion donnant au gouvernement le droit d'engager l'armée dans des opérations transfrontalières contre le PKK, 18 élus se sont opposés à ce texte.

Le vote du Parlement est intervenu quelques dizaines de minutes après une attaque menée par des membres présumés du PKK contre un car de police à Diyarbakir, la principale ville du Sud-Est anatolien, à la population en majorité kurde.

Le chauffeur et trois policiers ont péri dans le mitraillage du car, dans une zone d'habitations de la ville, et 15 policiers ont été blessés, selon les services du gouverneur de Diyarbakir.

Cinq jours plus tôt, une autre attaque du PKK, contre une caserne toute proche de la frontière irakienne, avait fait 17 morts dans les rangs de l'armée, suscitant l'indignation de la population turque.

Vingt-cinq rebelles avaient été abattus dans les combats qui ont suivi, selon l'armée.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait agité mardi la menace d'une nouvelle intervention terrestre contre les repaires du PKK dans le nord de l'Irak, frontalier de la Turquie.

Depuis la Finlande où il se trouve en visite, le chef de l'Etat Abdullah Gül a souligné que l'autorisation donnée à l'armée "concernerait des attaques ciblées, visant uniquement les terroristes" du PKK, sans nuire à la population locale.

L'actuel mandat donné à l'armée pour intervenir en Irak prend fin le 17 octobre. Celui-ci a permis à l'armée turque de mener depuis un an des raids aériens dans cette région où sont retranchés, selon Ankara, 2.000 combattants du PKK, ainsi qu'une intervention terrestre de huit jours en février.

Les opérations se sont multipliées en Turquie depuis l'attaque de vendredi et l'état-major a annoncé mercredi que quatre rebelles avaient été tués mardi soir dans des combats à Sirnak (sud-est). Un sergent a en outre été tué dans des heurts à Dicle (sud-est), selon l'agence Anatolie.

Mercredi, M. Erdogan, tout en émettant des doutes sur son efficacité, a affirmé que son gouvernement pourrait envisager la création d'une zone tampon en Irak, suggérée par l'opposition parlementaire, pour rendre la frontière entre les deux pays, longue de 384 km, plus hermétique aux infiltrations de rebelles.

Washington, allié de la Turquie dans l'Otan, est opposé à une intervention turque prolongée en Irak, qui pourrait déstabiliser la seule région du pays épargnée par les violences.

Selon un décompte publié sur le site Internet de l'état-major turc, 640 rebelles ont été tués depuis janvier, dont 408 en Irak.

Jeudi, le Haut conseil de lutte anti-terroriste (TMYK), qui réunit les principaux dirigeants civils et militaires, doit se réunir pour éventuellement donner un feu vert à une demande des autorités militaires de renforcer leurs prérogatives contre le PKK.

Les forces de l'ordre réclament notamment une prolongation des gardes à vue et le droit de procéder à des perquisitions spontanées.

Ces mesures pourraient cependant déplaire à l'Union européenne, à laquelle souhaite adhérer la Turquie. Ankara a adopté ces dernières années une vaste panoplie de réformes dans le domaine des droits de l'homme.

Considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, le PKK mène depuis 1984 une lutte armée pour l'autonomie du Sud-Est de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes. Le conflit a fait environ 44.000 morts, selon les chiffres officiels.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.