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La Turquie rejette les critiques sur sa tentative d'interdire un parti prokurde


Jeudi 18 mars 2021 à 13h18

Ankara, 18 mars 2021 (AFP) — La Turquie a rejeté jeudi les critiques internationales au sujet de ses efforts visant à interdire un parti prokurde d'opposition, qui lui ont notamment valu une condamnation des Etats-Unis.

Mercredi, un procureur turc a réclamé à la Cour constitutionnelle la fermeture du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième formation politique du pays que le président Recep Tayyip Erdogan accuse de liens avec le "terrorisme".

Cette décision, qui intervient après des années de répression contre le HDP, a été critiquée par les Etats-Unis, qui ont estimé mercredi que la fermeture de ce parti "saperait encore davantage la démocratie en Turquie".

Sans nommer les Etats-Unis, le ministère turc des Affaires étrangères a appelé jeudi "ceux qui s'immiscent dans nos affaires intérieures (...) à respecter le processus judiciaire".

"Les déclarations de certains pays au sujet des derniers développements (...) sont incompatibles avec la notion d'Etat de droit", a ajouté le ministère turc dans un communiqué.

Le HDP fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son chef de file Selahattin Demirtas a été arrêté. Il est toujours incarcéré, en dépit des appels répétés de la Cour européenne des droits de l'Homme à le libérer.

Dans son acte d'accusation réclamant la fermeture du HDP, le procureur reprend à son compte les arguments du président Erdogan en affirmant que cette formation politique est liée "de façon organique" au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

"Le HDP est le parti du PKK", soutient le procureur dans son acte d'accusation long de plus de 600 pages consulté jeudi par l'AFP.

Le procureur réclame par ailleurs une interdiction d'exercer des fonctions politiques pendant cinq ans contre 687 membres du HDP, dont M. Demirtas, ses dirigeants actuels et plusieurs poids lourds du parti.

Mercredi, le Parlement turc a par ailleurs déchu de son mandat un député de premier plan du HDP, Faruk Gergerlioglu, connu pour ses féroces critiques des atteintes aux droits humains sous M. Erdogan.

Le HDP a dénoncé mercredi un "putsch politique" visant à le réduire au silence avant les prochaines élections législatives et présidentielle, prévues en 2023 et qui s'annoncent difficiles pour M. Erdogan dans un contexte de difficultés économiques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.