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La Turquie promet de riposter après une sanglante attaque kurde


Samedi 4 octobre 2008 à 21h40

ANKARA, 4 oct 2008 (AFP) — Le gouvernement turc a promis samedi de faire de la lutte contre la rébellion kurde la priorité absolue après l'attaque des séparatistes du PKK la veille dans le sud-est du pays, la plus sanglante depuis le début de l'année, au cours de laquelle 15 soldats sont morts.

"Nous poursuivrons notre lutte contre le terrorisme dans n'importe quelles conditions et au-dessus de toute autre préoccupation, par le biais d'une coopération efficace entre les organes de l'Etat, et toute mesure sera mise en oeuvre avec détermination", a assuré le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué.

"Les attaques odieuses du (Parti des travailleurs du Kurdistan, PKK) (...) ne seront pas suffisantes pour briser l'unité et l'intégrité de la nation", a ajouté le Premier ministre à l'issue d'une réunion de crise à Ankara entre les plus hauts responsables gouvernementaux et militaires du pays, convoquée au lendemain de cette attaque contre un poste militaire proche de la frontière irakienne.

Quinze soldats turcs ont été tués, et 23 rebelles ont péri dans les combats qui ont suivi, les plus intenses depuis le début de l'année.

Le président Abdullah Gül a assuré plus tôt qu'Ankara "poursuivrait la lutte" contre la rébellion, "quel qu'en soit le prix". "Nous enquêtons pour savoir comment a été menée cette lâche attaque, qui l'a rendue possible", a-t-il ajouté.

L'armée turque procède régulièrement à des raids contre des bases de la rébellion kurde active dans le sud-est du pays et dans les montagnes du Kurdistan irakien, frontalières de la Turquie, où Ankara affirme que des milliers de combattants trouvent refuge.

Dans une conversation téléphonique avec M. Gül, le président irakien Jalal Talabani a condamné l'attaque et appelé à des discussions immédiates entre la Turquie, l'Irak et les Etats-Unis pour évoquer des mesures contre le PKK, selon un communiqué de la présidence turque.

M. Gül a déclaré à son homologue qu'il attendait des autorités irakiennes qu'elles prennent des actions immédiates contre cet "acte de terrorisme international", est-il écrit dans ce communiqué.

Auparavant, le gouvernement irakien a affirmé "soutenir toutes les mesures" qu'Ankara prendra "pour assurer la sécurité de son territoire", mais a demandé à la Turquie d'agir "avec sagesse et retenue".

L'attaque du PKK a été déclenchée vendredi dans la ville de Semdinli, dans la province d'Hakkari, par des rebelles appuyés par des tirs à l'arme lourde provenant de bases situées dans le nord de l'Irak, a fait savoir l'armée.

Les forces turques ont répliqué par des tirs d'artillerie et d'hélicoptères et envoyé des renforts sur place, a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Metin Gurak.

Des avions de chasse et l'artillerie turque ont aussi pris pour cible un groupe de rebelles dans le nord de l'Irak, à une dizaine de kilomètres du poste attaqué, a ajouté le général Gurak, précisant que deux soldats étaient portés disparus. Vingt soldats ont également été blessés dans les combats.

Selon l'agence de presse Anatolie, les opérations de l'armée se poursuivaient autour de Semdinli samedi.

Le porte-parole du PKK, Ahmed Danis, a affirmé à l'AFP que les pertes turques étaient plus importantes que celles communiquées par l'armée.

Auparavant, un communiqué du PKK publié par l'agence Firat, considérée comme proche des rebelles, avait justifié son offensive en accusant l'armée d'avoir rompu une trêve annoncée par la rébellion entre mardi et jeudi, pour marquer la fin du mois de jeûne musulman du ramadan.

A Paris, la présidence française de l'UE a condamné l'attaque et réitéré son soutien à Ankara dans sa lutte contre le PKK, cependant que la Turquie aspire à rejoindre l'Union européenne. L'ambassade des Etats-Unis à Ankara et le Foreign Office, à Londres, ont également condamné l'attaque.

L'Organisation de la Conférence islamique (OCI) a quant à elle vivement dénoncé les actes du PKK, et assuré Ankara de sa solidarité.

Le Parlement turc doit se prononcer prochainement sur une prolongation d'un an de l'autorisation donnée à l'armée, le 17 octobre 2007, de faire des incursions dans le nord de l'Irak contre les bases du PKK.

Classé organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les Etats-Unis, le PKK se bat depuis 1984 pour l'autonomie du Sud-Est de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes. Selon les chiffres officiels, le conflit a coûté la vie à 44.000 personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.