
Lundi 9 avril 2007 à 12h48
ANKARA, 9 avr 2007 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu lundi les Kurdes d'Irak du "coût très élevé" que pourrait avoir pour eux une attitude hostile à l'égard de la Turquie.
Son intervention fait suite à des remarques Massoud Barzani, le chef de la région autonome kurde établie dans le nord de l'Irak, qui selon les médias turcs a menacé de s'ingérer dans les affaires de la Turquie si celle-ci s'opposait aux revendications kurdes sur la ville de Kirkouk.
"Il y a un Irak du Nord riverain de la Turquie qui est gravement dans l'erreur dans la façon dont il se comporte et cela pourrait avoir un coût très élevé pour eux après coup", a déclaré M. Erdogan à des journalistes.
M. Barzani a "dépassé la ligne" a-t-il poursuivi, ajoutant: "Je leur conseille de ne pas prononcer des mots dont ils ne pourront pas se relever et de connaître leur place parce qu'ils pourraient plus tard être écrasés par ces mots."
Selon les médias turcs, M. Barzani a menacé ce week-end Ankara d'intervenir dans la question sensible de la minorité kurde de Turquie si les autorités turques s'opposaient au projet de rattacher la riche ville pétrolifère de Kirkouk à la région kurde.
La Turquie a réclamé l'ajournement d'un projet de référendum sur le futur statut de Kirkouk, devant se tenir d'ici la fin de l'année, estimant que des milliers de Kurdes avaient été installés dans la ville multiethnique pour modifier sa démographie.
Kirkouk abrite également des communautés arabes et turkmènes, un groupe ethnique turcophone soutenu par Ankara.
La presse turque a cité M. Barzani affirmant que si la Turquie "interfère dans (le dossier de) Kirkouk pour seulement quelques milliers de Turkmènes, alors nous agirons au sujet des 30 millions de Kurdes en Turquie".
A la suite de ces déclarations, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül a fait part à la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice de son désagrément au cours d'une conversation téléphonique, a affirmé à l'AFP un diplomate de haut rang.
Interrogé lundi par des journalistes sur la réponse que la Turquie allait apporter à M. Barzani, M. Gül a seulement répondu: "Vous verrez".
"Les mots de M. Barzani sont extrêmement dérangeants, inacceptables et sont considérés comme une provocation", aurait déclaré M. Gül à Mme Rice, selon des citations publiées par le quotidien anglophone Turkish Daily News.
Ankara craint que le rattachement de Kirkouk à la zone autonome kurde irakienne ne donne à celle-ci des moyens financiers suffisants pour proclamer son indépendance, une situation qui pourrait, selon les autorités turques, encourager le sécessionnisme des Kurdes de Turquie.
Les tensions sont déjà fortes entre la Turquie et les Kurdes d'Irak, Ankara accusant ceux-ci de tolérer, voire de soutenir, les rebelles séparatistes kurdes de Turquie -le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)- dont des milliers de membres se sont installés dans les montagnes du nord de l'Irak.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.