Mercredi 4 decembre 2024 à 16h47
Istanbul, 4 déc 2024 (AFP) — La Turquie, qui accueille près de trois millions de Syriens, prédit une vague de retours de réfugiés vers le nord de la Syrie si la situation se stabilise dans la grande ville d'Alep, reprise la semaine dernière par les rebelles au régime de Damas.
"Nous savons que les Aleppins aiment beaucoup Alep. Nous les rencontrons (...) et ils sont extrêmement enthousiastes. Mais à ceux qui disent vouloir rentrer maintenant (en Syrie), nous disons: +attendez+, ce n'est pas sûr pour le moment", a déclaré mercredi le ministre turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.
"Chacun souhaite retourner sur ses terres dès qu'il y voit ou y ressent la paix et la sécurité", a-t-il ajouté, précisant que 42% des Syriens vivant en Turquie sont originaires de la région d'Alep, soit 1,25 million de personnes environ.
"Il va y avoir un fort intérêt" pour Alep, a prédit M. Yerlikaya.
La question du retour des réfugiés syriens - réclamé par une partie de l'opposition et de la population turque - est un sujet brûlant en Turquie, qui avait agité la campagne de l'élection présidentielle de 2023.
Près de 880.000 Syriens ont trouvé refuge dans les provinces turques de Gaziantep, Sanliurfa et Hatay, frontalières de la Syrie. Plus de 500.000 autres sont enregistrés à Istanbul (nord-ouest), la plus grande ville du pays, selon les statistiques officielles.
Selon la Turquie, dont l'armée occupe des zones du nord de la Syrie au nom de sa lutte contre les combattants kurdes, plus de 110.000 Syriens sont rentrés depuis le début de l'année dans leur pays, en guerre depuis 2011.
Des experts doutent cependant de la vraisemblance de ce mouvement de retours, certains réfugiés vivant sur le sol turc depuis plus de dix ans. Par ailleurs, 1,5 million d'entre eux sont âgés de moins de 18 ans et ont reçu toute ou partie de leur éducation en Turquie.
"C'est l'hiver donc les gens ne voudront pas retourner ces trois ou quatre prochains mois dans des maisons détruites (...) et, plus encore, sans emploi (ni) systèmes d'éducation et de santé", a expliqué à l'AFP un travailleur humanitaire basé en Turquie, jugeant toutefois probable que certains fassent le voyage à Alep depuis la Turquie pour y évaluer la situation.
Selon cette même source, s'exprimant sous couvert d'anonymat, l'importance de ces retours "dépendra aussi grandement de la rapidité avec laquelle les rebelles vont pouvoir consolider ou non leurs gains territoriaux".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.