Vendredi 21 novembre 2008 à 15h21
ANKARA, 21 nov 2008 (AFP) — Le gouvernement turc envisage de mettre fin à l'isolement total du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan, détenu depuis 1999 dans une île-prison du nord-ouest de la Turquie, a affirmé vendredi le ministre de la Justice Mehmet Ali Sahin.
"Nous avons lancé une construction à Imrali (l'île sur laquelle est détenue Öcalan, ndlr) (...) nous pourrions y transférer 5-6 détenus, c'est une question à l'étude", a-t-il dit à des journalistes, cités par les chaînes de télévisions.
Le Comité antitorture (CPT) du Conseil de l'Europe qui a visité à plusieurs reprises Abdullah Öcalan, 59 ans, a demandé en mars dernier au gouvernement turc de mettre fin à son isolement, préjudiciable à sa santé mentale, mais la Turquie a refusé, selon un rapport publié à Strasbourg.
Lors d'une visite en mai 2007 dans l'île Imrali, le CPT a examiné les conditions de détention et la santé d'Öcalan, unique pensionnaire de l'île-prison de haute sécurité depuis le 16 février 1999.
Les experts s'étaient alarmé de la notable dégradation de l'état mental du chef kurde, depuis leurs précédentes visites en 2001 et 2003.
Le Comité avait demandé pour le prisonnier le droit d'avoir la télévision, de téléphoner régulièrement à ses proches, de voir ses avocats sans la présence d'un membre de l'administration, d'avoir des visites plus fréquentes et de partager sa prison avec d'autres détenus.
Une avocate de M.Öcalan, Hatice Korkut, interrogé par téléphone depuis Istanbul, s'est dite sceptique au sujet de cette décision d'Ankara: "Je ne trouve pas cela convainquant", a-t-elle soulignée, indiquant que le gouvernement aurait pu jusqu'à présent faire beaucoup de choses pour alléger l'isolement carcéral de son client comme améliorer le transport à l'île,
seule un ferry-boat opérée par des militaires peut s'y rendre, et lui autoriser l'accès aux journaux et aux médias en général.
Mais, a-t-elle ajoutée, "si le gouvernement met en oeuvre cette décision ce serait une bonne chose et pourrait calmer les Kurdes" qui manifestent régulièrement en Turquie et en Europe pour demander de meilleurs conditions de prison pour Öcalan.
Fondateur et chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), Öcalan a été arrêté le 15 février 1999 au Kenya par des agents turcs avec l'aide des services de renseignement américains.
Transféré en Turquie, il a été condamné à mort pour "séparatisme" , peine commuée en 2002 en prison à vie après l'abolition de la peine capitale.
Le PKK, classée organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, mène depuis 1984 une rébellion armée qui a coûté la vie à plus de 40.000 personnes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.