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La Turquie pleure ses soldats tués, l'aviation frappe le nord de l'Irak


Jeudi 20 octobre 2011 à 11h08

DIYARBAKIR (Turquie), 20 oct 2011 (AFP) — La Turquie rendait un dernier hommage jeudi aux 24 soldats tués par des rebelles kurdes à la frontière turco-irakienne, tandis que les chasseurs turcs continuent de pilonner les camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) situés dans le nord de l'Irak.

Les F-16 turcs ont mené pendant toute la nuit de mercredi à jeudi depuis leur base de de Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien peuplé majoritairement de Kurdes, des missions au dessus des bases rebelles, ont indiqué des sources de sécurité locale.

Une attaque multiple du PKK contre des postes militaires le long de la frontière avec lIrak a fait 24 morts et 18 blessés tard mardi. Entre 200 et 250 rebelles kurdes, retranchés dans le Kurdistan irakien, ont pénétré en Turquie et ont pris dassaut les positions de larmée situées dans une zone montagneuse de Hakkari (extrême sud-est).

L'aviation a immédiatement riposté. Des commandos ont également été lancés à la poursuite des assaillants et des unités spéciales ont été héliportées à quelques kilomètres à lintérieur du territoire irakien.

Cette offensive est la plus meurtrière depuis presque vingt ans et a provoqué une onde de choc en Turquie, endeuillée, qui devait enterrer ses morts jeudi.

Une cérémonie militaire a été organisée jeudi matin à Van, ville située à 150 km au nord des zones de combats de mardi, pour les 24 soldats "martyrs".

Les cercueils, recouvert du drapeau rouge et blanc turc, ont été chargés à bord d'avions militaires qui devaient les acheminer vers leurs villes d'origine pour y être inhumés.

Des manifestations spontanées ont été organisées à travers la Turquie mercredi pour dénoncer les attaques et les gens ont hissé sur leur voiture où leurs balcons le drapeau turc en signe de deuil.

Des concerts de musique ont été annulés.

Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux lycéens, ont manifesté leur tristesse jeudi en se rendant au mausolée du fondateur de la Turquie, Mustafa Kemal Atatürk, à Ankara. "Les martyrs ne meurent pas, la patrie ne se divise pas", ont scandé les manifestants qui brandissaient l'emblême national, a constaté un photographe de l'AFP.

Le Parlement doit débattre jeudi après-midi à huis clos d'éventuelles nouvelles mesures.

Le chef de l'Etat, Abdullah Gül, a assuré que "la vengeance serait terrible".

Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre sous le feu des critiques, nest lui pas entré dans une surenchère va-t-en-guerre qui indiquerait quune opération terrestre denvergure dans le Kurdistan irakien serait imminente, comme le réclame l'opposition nationaliste.

Il a affirmé que cette offensive, dénoncée par la communauté internationale, ne changerait en rien la détermination de son gouvernement d'en finir avec l'épineux conflit kurde.

M. Erdogan a rencontré jeudi les éditeurs en chefs de plusieurs journaux pour évoquer les attaques et devait ensuite s'adresser aux journalistes.

"Nous avons le droit d'attendre plus qu'une rhétorique vide. Nous ne voulons plus de paroles mais une solution", l'a interpellé Mehmet Yilmaz, éditorialiste au journal Hürriyet.

Une intervention au sol est évoquée depuis l'été lorsque le PKK, considéré comme terroriste par bon nombre de pays, a repris les armes après une période daccalmie.

Les autorités turques ont lancé une campagne de répression contre le mouvement kurde, arrêtant des centaines de militants.

Le conflit, qui a démarré en 1984, a fait plus de 45.000 victimes et aucune solution ne se dessine en dépit de réformes engagées et la promesse d'une nouvelle constitution plus libérale formulée par le gouvernement islamo-conservateur en faveur des Kurdes estimés à 15 millions sur 75 millions d'habitants.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.