Dimanche 20 juin 2010 à 13h57
ANKARA, 20 juin 2010 (AFP) — La Turquie a rendu un dernier hommage dimanche aux onze soldats tués la veille par des rebelles kurdes, tandis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, sous le feu des critiques, a promis de ne pas laisser entraîner son pays dans une "spirale de violence".
Le chef de l'Etat, Abdullah Gül, a convoqué lundi matin une réunion des dirigeants civils et militaires pour discuter de l'escalade des attaques du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rapporte l'agence Anatolie.
Des rebelles ont attaqué un avant-poste militaire samedi près de la frontière irakienne, déclenchant des affrontements qui ont coûté la vie à au moins neuf soldats et 12 rebelles, selon l'armée.
Treize autres soldats ont été blessés.
Par ailleurs, deux soldats ont été tués dans l'explosion d'une mine alors qu'ils étaient à la poursuite des rebelles.
L'aviation turque a riposté en pilonnant des positions rebelles dans le nord de l'Irak, selon l'armée.
Dans la nuit, les rebelles ont tué un soldat dans l'est, ce qui porte à 12 le bilan des soldats tués en deux jours, le plus lourd tribu payé par l'armée turque depuis deux ans.
Selon un responsable irakien des services de sécurité, l'armée turque a aussi pénétré de 10 km en territoire irakien dans la nuit de samedi à dimanche.
Quatre personnes ont été tuées lors de cette incursion, a-t-il indiqué.
C'est la seconde fois en cinq jours que des soldats turcs franchissent la frontière avec l'Irak. Mercredi, l'armée turque était entrée en Irak pour sa première opération terrestre en deux ans.
Le PKK a pour sa part menacé samedi de lancer des attaques dans "toutes les villes de Turquie".
Une cérémonie a été organisée dimanche à Van (est de la Turquie) d'où sont partis les militaires tués dans l'attaque contre leur poste. M. Erdogan, des ministres et des responsables militaires ont assisté à l'hommage aux soldats.
Leurs cercueils étaient placés sur le tarmac de l'aéroport et recouverts du drapeau turc, selon des images de la télévision.
"Nous ne sombrerons pas dans une spirale de violence", a déclaré M. Erdogan. "Nous ne tomberons pas dans le défaitisme (...) Nous lutterons jusqu'au bout" contre le PKK, a-t-il prévenu.
Dans une allusion à un projet gouvernemental visant à octroyer plus de droits à la minorité kurde, il a promis de "consolider la fraternité et l'unité" nationale.
M. Erdogan et son entourage se sont ensuite rendus au poste attaqué sous d'importantes mesures de sécurités, selon les médias.
Le gouvernement Erdogan est critiqué pour l'escalade actuelle de la violence. L'opposition l'accuse de menacer l'unité nationale en envisageant des réformes en faveur des 12 à 15 millions de Kurdes de Turquie.
Devlet Bahceli, chef de file des nationalistes, a réclamé le rétablissement de l'état d'urgence dans le sud-est.
L'"ouverture kurde", annoncée l'an dernier, a connu des revers avec notamment la dissolution du principal parti pro-kurde.
Un millier de personnes environ se sont rassemblées dimanche sur une place du centre d'Istanbul, scandant "vengeance" et réclamant que le chef du PKK, Abdullah Öcalan, qui purge une peine à vie depuis 1999, soit pendu.
"Oeil pour oeil, dent pour dent", ont aussi crié les manifestants.
Avec la fin de l'hiver, les rebelles du PKK ont multiplié les opérations d'infiltration à partir des régions montagneuses d'Irak où 2.000 d'entre eux, selon Ankara, sont retranchés.
Le conflit a fait plus de 45.000 morts depuis 1984, selon les chiffres officiels.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.