Mardi 8 juillet 2025 à 11h51
Strasbourg, 8 juil 2025 (AFP) — La Turquie a été condamnée mardi par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour le maintien en détention de l'opposant kurde Selahattin Demirtas, considéré comme une mesure politique limitant sa liberté d'expression.
Principale figure politique de la minorité kurde de Turquie, ancien coprésident du parti de gauche HDP (devenu DEM), Selahattin Demirtas est en détention depuis novembre 2016.
Il a été condamné en 2024 à 42 ans de réclusion par un tribunal d'Ankara.
Lui était notamment reproché son appel à participer à des manifestations en soutien aux Kurdes combattant le groupe jihadiste Etat islamique à Kobané, au Kurdistan syrien. Les manifestations étaient devenues violentes au bout de quelques jours.
La CEDH examinait ici le maintien en détention provisoire de M. Demirtas entre septembre 2019 et sa condamnation.
Elle avait déjà condamné, en 2020, la Turquie pour une première détention de l'opposant entre 2016 et 2019 et ordonné sa libération, ce que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait rejeté avec véhémence.
La Cour, chargée d'appliquer la Convention européenne des droits de l'homme dans les 46 Etats signataires, estime une nouvelle fois que "les mesures prises par les autorités étaient motivées d'une façon inappropriée et qu'elles poursuivaient un but inavoué, à savoir celui d'étouffer le pluralisme et de limiter le libre jeu du débat politique".
La Turquie devra verser 35.000 euros de dommages à M. Demirtas et 20.000 euros au titre des frais de justice.
Des milliers de partisans du HDP et des dizaines de ses élus, en particulier dans le sud-est à majorité kurde du pays, sont emprisonnés, accusés de soutien au terrorisme ou de menaces à la sécurité. Ce que tous démentent en dénonçant des inculpations politiques.
Depuis l'annonce en mai de la dissolution du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé classé comme organisation terroriste par Ankara et l'Union européenne, les Kurdes espèrent que le pouvoir turc fera un geste en libérant des prisonniers dont Selahattin Demirtas.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.