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La Turquie n'écarte pas une nouvelle intervention en Irak contre le PKK


Mardi 7 octobre 2008 à 15h47

ANKARA, 7 oct 2008 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a envisagé publiquement mardi une nouvelle incursion militaire en Irak contre les rebelles kurdes, qui ont tué 17 soldats lors d'une attaque ce week-end et placé le gouvernement sous tension.

"Si une telle opération transfrontalière se réalise, elle visera uniquement les terroristes", dénomination officielle pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a déclaré le chef du gouvernement lors d'un discours au groupe parlementaire de son Parti de la justice et du développement (AKP).

"La cible d'une opération de l'autre côté de la frontière, si nécessaire, est seulement l'organisation terroriste" PKK, a tenu à préciser M. Erdogan, assurant que la population locale, l'administration kurde autonome d'Irak et l'unité politique de l'Irak n'en seraient pas affectés.

Ces déclarations interviennent alors que le parlement turc doit voter mercredi après-midi le renouvellement du mandat de l'armée pour les opérations contre le PKK en Irak, qui prend fin le 17 octobre.

Le vote est acquis car tout les partis politiques représentés à l'Assemblée, excepté celui pro-kurde DTP (Parti pour une société démocratique), doivent le soutenir.

L'attaque menée vendredi par le PKK contre le poste à la frontière avec l'Irak, au cours de laquelle 17 soldats turcs et 23 rebelles ont été tués, est la plus grave depuis celle qui avait coûté la vie à 12 soldats en octobre 2007.

Celle-ci avait débouché en février 2008 sur une intervention terrestre de l'armée turque dans le nord de l'Irak, où plus de 2.000 rebelles sont retranchés selon Ankara. L'armée turque avait alors affirmé qu'au moins 240 rebelles avaient été abattus en huit jours d'offensive.

L'état-major turc a annoncé mardi que deux rebelles avaient été abattus la veille par l'armée dans la zone de l'attaque de vendredi.

"Notre détermination de lutter contre le terrorisme va se poursuivre avec davantage de fermeté", a martelé le chef de l'Etat Abdullah Gül aux journalistes, prédisant une "sévère riposte" aux rebelles.

La Turquie mène également depuis un an des raids aériens contre le PKK dans le Kurdistan irakien, un sanctuaire pour le PKK contrôlé par les factions kurdes.

Depuis vendredi, l'aviation turque a frappé à trois reprises des caches du PKK en Irak, dont la dernière fois mardi, a annoncé l'état-major.

M. Erdogan a en outre stigmatisé une nouvelle fois l'inaction des autorités Kurdes d'Irak: "Tout le monde doit dresser une barrière claire et nette contre le terrorisme, cela est de l'intérêt de tous".

Le gouvernement turc est tiraillé entre le mécontentement grandissant de la population, qui réclame une solution définitive au problème du PKK, et le poids de la diplomatie. Washington, allié de la Turquie dans l'Otan, voit d'un mauvais oeil les incursions turques en Irak, qui pourraient déstabiliser la seule région tranquille du pays.

Jeudi, une nouvelle réunion des dirigeants civils et militaires est prévue afin de conférer notamment de plus amples pouvoirs aux autorités militaires, notamment la prolongation des gardes à vue et le droit de procéder à des perquisitions sans autorisation d'un juge, ont rapporté les journaux.

Ces mesures pourraient cependant déplaire à l'Union européenne, à laquelle souhaite adhérer la Turquie. Ankara a en effet élargi ces dernières années les droits individuels et octroyé des droits culturels à sa communauté kurde.

Considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, le PKK mène depuis 1984 une lutte armée pour l'autonomie du Sud-Est de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes. Le conflit a fait environ 44.000 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.