Mercredi 24 octobre 2007 à 20h57
ANKARA, 24 oct 2007 (AFP) — L'aviation turque a pilonné mercredi des positions des rebelles kurdes près de la frontière irakienne, alors que la menace d'une incursion militaire contre les bases rebelles kurdes dans le nord de l'Irak restait entière.
Les principaux responsables civils et militaires turcs ont étudié la riposte aux attaques des rebelles au cours d'une réunion du Conseil national de sécurité (MKG), avant des entretiens jeudi à Ankara avec une délégation irakienne.
Le MGK a recommandé au gouvernement de prendre des sanctions économiques contre les factions kurdes d'Irak soutenant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'organisation séparatiste qui lance des attaques en Turquie depuis des bases arrières en territoire irakien.
Selon les sources militaires turques, jusqu'à 3.800 rebelles du PKK sont réfugiés en Irak et près de 2.000 autres se trouvent dans les montagnes turques.
Les sanctions économiques viseront "les groupes kurdes qui soutiennent directement ou indirectement l'organisation séparatiste", indique un communiqué.
La Turquie fournit de l'électricité au Kurdistan irakien et le volume du commerce frontalier s'élève à plusieurs centaines de millions de dollars par an.
Des chasseurs et des hélicoptères des forces turques ont détruit mercredi plusieurs caches du PKK dans le sud-est de la Turquie, près de la frontière irakienne, selon l'agence de presse Anatolie.
La visite mardi à Bagdad du chef de la diplomatie turque Ali Babacan a provoqué de premières mesures de la part de l'administration irakienne, qui a interdit les activités du PKK en Irak et décidé de fermer ses bureaux.
On rappelle toutefois à Ankara que dans le passé, les bureaux du PKK dans la zone kurde d'Irak avaient été fermés puis rouverts peu après.
Une source gouvernementale turque a affirmé que le président irakien Jalal Talabani avait indiqué à M. Babacan que des rebelles du PKK réclamés par la Turquie pourraient lui être livrés.
Mais M. Talabani a démenti peu après avoir proposé d'extrader des responsables du PKK. "Il est impossible de les appréhender et de les livrer à la Turquie", a déclaré le président irakien dans un communiqué.
Le gouvernement turc continue d'agiter la menace d'opérations contre les sanctuaires rebelles, et même si Ankara annonce vouloir privilégier la diplomatie, à l'heure actuelle, l'option militaire est toujours sur la table.
Le vice-Premier ministre turc Cemil Cicek a annoncé, selon la presse de mercredi, que l'aviation turque avait pilonné dimanche des positions du PKK situées jusqu'à 50 km à l'intérieur du territoire irakien, après une attaque des rebelles kurdes qui avait coûté la vie à douze soldats turcs.
Des informations vraisemblablement ébruitées pour montrer que la Turquie peut "à tout moment", comme l'a dit M. Babacan, sévir contre les bases arrières des rebelles.
La présidence du Kurdistan d'Irak, accusée par Ankara de soutenir les rebelles, a appelé mercredi le PKK, qui se bat depuis 1984 contre le pouvoir central turc, à mettre fin à la lutte armée.
Il s'agit de l'engagement le plus manifeste depuis le début de la crise de la part du gouvernement régional autonome kurde qui contrôle la zone où sont installées les bases du PKK.
Mais Ankara ne reconnaît comme interlocuteur que le gouvernement de Bagdad et l'engagement risque d'avoir peu d'effet sur les Turcs.
La question des huit soldats turcs que le PKK affirme avoir capturés et qu'Ankara a portés disparus place le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan sous la pression conjuguée de l'opinion publique et de l'opposition qui crient vengeance.
Les Etats-Unis, qui craignent qu'une incursion turque ne déséquilibre une des seules régions relativement calmes de l'Irak, ont appelé Turcs et Irakiens à faire preuve de retenue.
Au cours d'une réunion informelle des ministres de la Défense de l'Otan aux Pays-Bas, le secrétaire général de l'Alliance, Jaap de Hoop Scheffer, a estimé que la Turquie avait jusqu'à présent montré une "remarquable retenue au vu des circonstances".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.