Mercredi 24 octobre 2007 à 10h45
ANKARA, 24 oct 2007 (AFP) — La menace turque d'une incursion militaire contre les bases rebelles kurdes dans le nord de l'Irak restait entière mercredi malgré les efforts diplomatiques, alors que les dirigeants civils et militaires devaient évoquer la riposte turque lors d'une réunion à Ankara.
La visite mardi à Bagdad du chef de la diplomatie turque Ali Babacan a provoqué des premières mesures de la part de l'administration irakienne qui a interdit en Irak les activités du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) et décidé de fermer ses bureaux.
Mais le gouvernement turc n'a pas l'intention pour autant de baisser les bras et continue d'agiter la menace d'opérations contre les sanctuaires rebelles.
Dans le passé, les bureaux du PKK avaient été fermés dans le zone kurde avant d'être rouvert peu après.
M. Babacan a d'ores et déjà rejeté mardi une offre de trêve conditionnelle faite la veille par le PKK et qui s'inscrit pour Ankara dans la ligne de cinq autres arrêts d'hostilités qui avaient été suivis systématiquement de nouvelles attaques et de victimes.
Même si Ankara annonce vouloir privilégier la voie diplomatique pour résoudre la crise, à l'heure actuelle, l'option militaire est toujours sur la table.
Le vice-Premier ministre turc Cemil Cicek a expliqué à des collègues de son Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, que l'aviation turque a pilonné dimanche des positions du PKK situées jusqu'à 50 km en territoire irakien après une attaque meurtrière des rebelles kurdes qui a coûté la vie à douze soldats turcs, rapporte mercredi la presse.
Des informations possiblement ébruitées par le gouvernement pour montrer que la Turquie est sérieuse et qu'elle peut "à tout moment", comme l'a dit M. Babacan, entrer dans le Kurdistan irakien pour sévir contre les bases arrières des 3.500 rebelles qui y auraient trouvé refuge.
Les dirigeants civils et militaires turcs devaient se retrouver à partir de 11H00 GMT à Ankara à l'occasion d'une réunion régulière du Conseil national de sécurité (MGK) pour évoquer les options possibles.
La présidence du Kurdistan d'Irak, accusée par Ankara de soutenir les rebelles, a appelé mercredi le PKK, qui se bat depuis 1984 contre le pouvoir central turc, à mettre fin à la lutte armée.
"Nous appelons le PKK à renoncer à la violence et à la lutte armée comme mode d'opération", indique un communiqué du bureau de Massoud Barzani, qui rejette également "l'utilisation du territoire irakien pour menacer la sécurité de ses voisins".
Ce communiqué représente l'engagement le plus clair depuis le début de la crise de la part du gouvernement régional autonome kurde qui contrôle la zone où sont installées depuis des années les bases du PKK.
Ankara ne reconnaît comme interlocuteur que le gouvernement de Bagdad et l'engagement risque d'avoir peu d'effet sur les Turcs, qui réclament que les Kurdes d'Irak chassent leurs "frères" du PKK de leur terres.
La question des huit soldats turcs que le PKK affirme avoir capturé et dont les photos ont été publiées mardi par une agence pro-kurde-- dont le site internet était inaccessible mercredi-- place le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans une position délicate face aux pressions de l'opinion publique et de l'opposition parlementaire qui crient vengeance.
Les Etats-Unis, qui craignent qu'une incursion turque ne déséquilibre une des seules régions relativement calme de l'Irak, se sont engagés auprès d'Ankara et de Bagdad pour tenter de trouver une solution à la crise.
La presse turque remarquait cependant mercredi que le délai de quelques jours demandé dimanche par la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice à M. Erdogan pour riposter à l'attaque de dimanche s'achève mercredi.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.