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La Turquie frappe le PKK en Irak après une embuscade sanglante


Jeudi 18 août 2011 à 18h44

ANKARA, 18 août 2011 (AFP) — L'aviation turque a pilonné mercredi soir les repaires des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak après une embuscade sanglante dans le sud-est de la Turquie qui a coûté la vie à neuf personnes, signe d'une escalade dans le conflit kurde.

Ces raids sont les premiers menés par la Turquie en Irak depuis un an.

Les chasseurs turcs ont pilonné 60 positions du PKK dans les montagnes irakiennes, en riposte à l'attaque survenue quelques heures auparavant qui a coûté la vie à huit soldats et un milicien kurde à Cukurca (sud-est), à la frontière irakienne, a annoncé jeudi l'armée turque.

L'état-major a averti que ces raids se poursuivront si nécessaire.

La multiplication des attaques du PKK ces deux derniers mois, qui ont fait plus de 40 morts dans les rangs de la police et de l'armée, ont poussé la Turquie à mettre en oeuvre des mesures "plus efficaces" dans le cadre d'une "nouvelle stratégie" pour lutter contre le PKK.

Les autorités politiques et militaires turques réunies mercredi pendant près de cinq heures autour du Conseil national de sécurité (MGK) se sont prononcés en faveur d'un durcissement contre le PKK.

La déclaration publié au terme de la réunion appelle aussi les pays voisins de la Turquie "à prendre leurs responsabilités" pour éradiquer la présence de rebelles sur leur territoire, sans citer nommément un pays.

Selon Ankara, 2.000 rebelles sont retranchés en Irak, d'où ils s'infiltrent en Turquie pour mener des attaques.

Le MGK préconise une "meilleure coordination" des moyens militaires et policiers engagés pour lutter contre le PKK, tout en insistant que la lutte contre "le terrorisme du PKK sera poursuivie avec détermination, sans pour autant renoncer aux principes de l'Etat de droit" et aux normes démocratiques.

Avant la réunion, la presse avait spéculé que les mesures envisagées prévoyaient le déploiement dans les zones de combat d'unités spéciales de la police et de troupes militaires entièrement professionnelles.

M. Erdogan, excédé par l'intensification des attaques du PKK, a réagi avec virulence au guet-apens de mercredi: "Notre patience est à bout", a-t-il dit, promettant de sévir contre le PKK malgré le mois musulman du ramadan, traditionnellement synonyme d'accalmie.

Il a aussi signalé un raidissement de son gouvernement vis-à-vis de la question kurde, évoquant "une nouvelle ère" et averti que "ceux qui ne s'écartent pas du terrorisme vont en payer le prix", un message adressé sans doute aux politiciens kurdes jugés trop proches du PKK.

Ces attaques interviennent dans un contexte de tensions politiques avec les Kurdes.

Trente-cinq députés kurdes (sur 550 au total) refusent toujours de prêter serment au Parlement depuis les législatives de juin, pour protester contre le maintien en détention provisoire de cinq des leurs, accusés de collusion avec le PKK.

Lancée en 2009, la politique d'"ouverture" du gouvernement d'Ankara envers la communauté kurde souffre de ces tensions.

"Le projet de paix du gouvernement n'était pas assez fort et global (...) C'est pour cette raison qu'il subit des revers", souligne Nuray Mert dans le journal libéral Milliyet.

Cette commentatrice exhorte toutefois le gouvernement d'Ankara à ne pas répondre à la violence par la violence, insistant sur le respect des valeurs démocratiques pour un pays souhaitant adhérer à l'Union européenne.

Les Etats-Unis, qui considèrent le PKK comme une organisation terroriste, ont indiqué qu'il continueraient de fournir leur soutien à Ankara pour combattre les rebelles.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.