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La Turquie fête la République sur fond de problème kurde, Zebari avertit


Lundi 29 octobre 2007 à 18h23

ANKARA, 29 oct 2007 (AFP) — La République turque a fêté lundi son 84ème anniversaire sur fond de menaces croissantes d'incursions dans le nord de l'Irak contre les rebelles kurdes alors que le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a mis en garde les Turcs contre une telle intervention.

La Turquie a été pavoisée de drapeaux rouge et blanc à l'occasion de la fête nationale qui marque l'anniversaire de la création de la République le 29 octobre 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, sur les ruines de l'empire ottoman.

Plus de 200.000 personnes, selon des chiffres officielles, ont afflué au mausolée du fondateur de la Turquie laïque pour marquer leur unité face aux attaques du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a constaté l'AFP. Et la participation des ankariotes a été massive à la traditionnelle parade militaire tout comme à Istanbul et Izmir (ouest), les principales métropoles turques.

"La Turquie est fière de vous" et "Chaque Turc et un soldat par naissance", ont crié les gens brandissant l'emblème national aux soldats qui défilaient.

Des jets militaires d'une équipe d'acrobatie aérienne ont survolé la capitale, voltigeant au dessus d'une foule surexcitée.

L'acteur américain Kevin Costner qui est en Turquie pour se produire avec son groupe de rock a également assiste aux cérémonies au mausolée d'Ataturk et au Parlement.

Outre les cérémonies officielles, des manifestations populaires ont été organisées à travers le pays pour la huitième journée consécutive afin de dénoncer le PKK, organisation terroriste pour Ankara, Washington et les Européens.

Des centaines de milliers de personnes sont ainsi descendues dans les rues sur les deux rives du Bosphore a Istanbul.

Ces manifestations n'ont pas cessé depuis une attaque le 21 octobre près de la frontière irakienne, qui a coûté la vie à 12 militaires. Huit soldats ont également été capturés lors de l'embuscade qui a accru la tension entre Ankara et Bagdad.

Depuis, l'armée a affirmé avoir tué plus de 60 rebelles dans des opérations qui se poursuivent sans relâche dans plusieurs provinces anatoliennes.

L'éventualité d'une attaque contre les bases arrière des rebelles dans le nord de l'Irak s'est renforcée après l'échec vendredi de pourparlers turco-irakiens à Ankara.

La Turquie lancera une opération "quand ce sera nécessaire", a averti samedi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui s'est montré excédé par les appels à la retenue des Etats-Unis.

Il doit rencontrer jeudi la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui fera escale à Ankara avant d'assister à Istanbul à une réunion des pays voisins de l'Irak vendredi et samedi.

Les efforts diplomatiques pour éviter une incursion turque vont se poursuivre à la Conférence d'Istanbul à laquelle devrait assister M. Zebari.

Ce dernier s'est inquiété dans un entretien dimanche soir à la BBC télévision de la perspective d'une intervention turque contre les 3.500 rebelles du PKK, qui aurait "des conséquences extrêmement graves" pour la stabilité des deux pays et de la région.

Le 5 novembre, M. Erdogan rencontrera le président George W.Bush à la Maison Blanche.

Washington veut éviter une déstabilisation du Kurdistan irakien mais la Turquie, impatiente, a massé des dizaines de milliers de troupes à la frontière avec l'Irak, selon la presse.

Une correspondante de l'AFP a rapporté lundi que des hélicoptères ont pilonné des secteurs en Turquie des monts Cudi et Kato séparant la Turquie de l'Irak.

L'agence Anatolie a rapporté qu'une centaine de militants du PKK ont été encerclés près de la frontière irakienne.

La veille, les médias ont rapporté que 15 rebelles avaient été tués à Tunceli, à 500 km de la frontière irakienne.

Un soldat a été tué et un autre a été blessé dans ces combats alors qu'un deuxième soldat a été tué a Sirnak dans un incident séparé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.