Page Précédente

La Turquie face au conflit syrien: les étapes-clés


Samedi 20 janvier 2018 à 18h19

Istanbul, 20 jan 2018 (AFP) — Les principales étapes de l'engagement dans le conflit syrien de la Turquie.

- Ankara lâche Assad -

En septembre 2011, six mois après le début de manifestations pacifiques contre Bachar al-Assad réprimées dans le sang, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le président syrien était encore un "ami" quelques mois plus tôt, lance: "Le peuple syrien ne croit pas Assad, moi non plus".

"Je crains que les choses ne tournent à la guerre civile entre alaouites et sunnites". La minorité alaouite, branche de l'islam chiite, détient les postes-clés du pouvoir en Syrie.

Se rangeant aux côtés des puissances occidentales, Ankara va s'engager dans une escalade verbale et diplomatique contre son voisin, avant de prendre des sanctions à son égard.

- Héberge l'opposition -

En octobre 2011, après plusieurs réunions sur le sol turc, des opposants créent un Conseil national syrien réunissant les courants politiques opposés au régime.

Un colonel déserteur syrien, réfugié en Turquie, avait fondé en juillet l'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes pour combattre les forces du régime.

Fin 2012, la Turquie reconnaît la nouvelle Coalition de l'opposition en tant que "seule représentante légitime du peuple syrien".

- Guerre contre le PKK et l'EI -

Fin 2014, malgré les critiques et les pressions, l'armée turque refuse de venir en aide aux combattants kurdes qui défendent Kobané face aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Ankara craint de voir émerger en Syrie une région autonome tenue par les milices kurdes proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actif depuis 1984 sur le sol turc.

En juillet 2015, la Turquie est rattrapée par le conflit en Syrie, avec un attentat attribué à l'EI à Suruç, près de la frontière syrienne (34 morts). Le président Erdogan lance une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le PKK et l'EI.

En août, Ankara rejoint la coalition contre l'EI, puis resserre ses contrôles dans les aéroports et à sa frontière. Des cellules jihadistes sont démantelées après plusieurs attentats sanglants attribués à l'EI.

- Opération "Bouclier de l'Euphrate" -

Le 9 août 2016, le président Erdogan rencontre son homologue russe Vladimir Poutine pour sceller la réconciliation entre leurs pays, après une crise consécutive à la destruction d'un avion russe par la Turquie à la frontière syrienne fin 2015.

Le 24, la Turquie lance l'opération "Bouclier de l'Euphrate" dans le nord de la Syrie. Elle vise l'EI et les Unités de protection du peuple kurde (YPG), alliées de Washington dans la lutte contre les jihadistes.

L'opération va permettre aux rebelles syriens appuyés par la Turquie de reprendre à l'EI plusieurs villes dont Jarabulus, Dabiq et Al-Bab.

En octobre 2017, la Turquie déploie des dizaines de soldats et des blindés dans la province d'Idleb contrôlée par des jihadistes pour y instaurer une "zone de désescalade". Ce déploiement vise aussi à dissuader les milices kurdes de gagner davantage de terrain dans le nord de la Syrie.

- Offensive contre un bastion des YPG -

Le 14 janvier 2018, la coalition annonce oeuvrer à la création d'une "force" frontalière dans le nord de la Syrie composée de 30.000 hommes, dont près de la moitié issus des rangs des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes dominée par les YPG.

Le lendemain, M. Erdogan menace de lancer une opération visant à "tuer dans l'oeuf" cette force, et affirme que son armée est "prête" à lancer une opération "à tout moment" contre les bastions des YPG à Afrine et Minbej.

Le 18, le Pentagone assure que Washington fournit un entraînement à leurs alliés des FDS, mais n'entend pas en faire une nouvelle armée.

Le 21, la Turquie lance une offensive terrestre contre une milice kurde dans la région d'Afrine, une perspective considérée avec préoccupation par Washington. La Russie se déclare, elle aussi "préoccupée" et appelle "à la retenue".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.